Depuis le début de la semaine, les nombreux défis rencontrés par les habitants d'Agaléga ont été mis en lumière.
Parmi eux, l'approvisionnement en nourriture reste une préoccupation majeure. Actuellement, les 300 habitants doivent se contenter de 12 kilos de pommes de terre et de 12 kilos d'oignons jusqu'à l'arrivée de nouvelles denrées. En cuisine, c'est un véritable casse-tête pour les mères de famille qui doivent chaque jour improviser les repas.
«Que mettre dans le pain des enfants qui vont à l'école ?» C'est la question que se pose chaque matin Clara, mère de trois enfants. Elle tente d'être créative, mais l'inspiration vient parfois à manquer. «Il reste quelques boîtes de conserve. Il va falloir faire avec», confie-t-elle avec un sourire. L'ail ne manque pas, mais l'oignon, lui, fait défaut. Heureusement, les denrées de base sont encore disponibles : *«Nous avons du riz, de la farine, de l'huile, du sel et du poivre, de quoi tenir pour l'instant.» *
Aujourd'hui, au menu, ce sera un vindaye de poisson, accompagné de lentilles et de riz. «Mais sans oignon», précise-t-elle. Les enfants, eux, aiment bien un petit gâteau après leur repas, mais le choix est limité. «À la boutique, il n'y a qu'une seule marque de biscuits gaufrés et des cream crackers. Il faut ouvrir un grand sachet et répartir en petites portions. Et surtout, ne pas oublier que ces provisions doivent tenir trois mois.»
L'agriculture locale, une solution à renforcer
Si le poisson ne manque pas, les légumes, eux, se font rares. «Nous avons du poulet et quelques légumes, mais depuis décembre, nous n'avons plus reçu de légumes frais.» Pour pallier cette pénurie, certains habitants cultivent un petit potager où poussent des brèdes mouroum, du giraumon et des brèdes songes.«Nous coupons nos légumes en petits morceaux pour les conserver au réfrigérateur, mais nos stocks sont épuisés. Les Agaléens sont prêts à cultiver davantage pour atteindre l'autosuffisance, mais encore fautil avoir des semences. «Nous savons que nous pouvons planter plus de légumes, comme le giraumon, mais nous avons besoin de semences que les autorités mauriciennes devraient nous fournir.»
Le ministre Shakeel Mohamed a annoncé que le MV Peros Banhos devrait quitter Maurice le 29 mars en direction d'Agaléga. À bord, plus de 500 types de produits sont attendus : denrées alimentaires, produits d'hygiène, fournitures scolaires, équipements de pêche, pièces de rechange, matériel agricole, semences et carburant. Mais les attentes des habitants vont au-delà de ces provisions. «Nous aimerions aussi recevoir de la viande et du foie, car manger la même chose tous les jours devient lassant», déplore un Agaléen. Pour les quelques végétariens de l'île, la situation est encore plus compliquée. «Ils doivent se contenter de grains secs et de soya. Ce n'est pas évident pour eux.»
Dans l'attente de ce ravitaillement, les habitants continuent de s'adapter, jonglant avec les ressources limitées pour assurer des repas à leur famille.