Une affaire d'investissement suspect au sein de la Mauritius Investment Corporation Ltd (MIC) fait désormais l'objet d'une enquête approfondie menée par la Financial Crimes Commission (FCC). Hier, plusieurs anciens administrateurs de la MIC ont été convoqués au siège de la FCC à Réduit pour fournir des explications concernant une décision prise en février 2024, dans le cadre d'un projet d'acquisition d'actions.
Les individus entendus lors de cette enquête incluent Mardayah Kona Yerukunondu, Swaminathan Ragen et Swadeck Nuthay, tous anciens membres du conseil d'administration de la MIC. Ils sont appelés à justifier l'approbation de l'achat de 1 596 actions de la société Eastcoast Hotel Investment Ltd pour un montant de 48 millions d'euros, soit environ Rs 2,4 milliards.
Ce qui intrigue les enquêteurs, c'est qu'une première évaluation réalisée par la direction de la MIC et validée par le comité d'investissement avait recommandé un montant inférieur : Rs 2,1 milliards. Aucun élément n'explique l'écart de Rs 300 millions entre cette estimation initiale et le prix d'achat final, qui a été validé lors d'une réunion du conseil d'administration le 5 février 2024.
D'après les documents examinés par la FCC, cette approbation a été donnée sans qu'une évaluation d'impact complémentaire ait été réalisée, contrairement aux pratiques habituelles. L'offre initiale de Rs 2,1 milliards avait pourtant fait l'objet d'une analyse rigoureuse et respectait les procédures en vigueur. En revanche, la décision d'augmenter l'investissement à Rs 2,4 milliards semble avoir été prise en dehors de tout cadre de validation formelle par la direction ou le comité d'investissement.
L'enquête suggère que cette différence de Rs 300 millions pourrait constituer un avantage indu pour la société bénéficiaire de l'investissement, Apavou Hotels Ltd, propriété d'Armand Paquiry Apavou. Deux autres anciens administrateurs du conseil d'administration de la MIC, qui n'ont pu se rendre à la FCC hier, seront interrogés dans les jours à venir. L'un est actuellement à l'étranger, tandis que l'autre a reporté son rendez-vous à lundi. Une ex-membre du conseil avait également été convoquée, mais elle ne s'est jamais rendue au siège de la FCC.