Soudan: La reprise du palais présidentiel marque «un tournant» dans la bataille de Khartoum

L'armée soudanaise continue sa progression à Khartoum (notre photo d'illustration).

À Khartoum, l'armée soudanaise a déclaré, vendredi 21 mars au matin, s'être emparée du palais présidentiel, aux mains des forces de soutien rapide (FSR) depuis le début du conflit, en avril 2023. Un tournant dans le conflit.

À l'aube du second anniversaire de la guerre au Soudan, et après des semaines d'opérations pour reconquérir la capitale, la prise du palais présidentiel est une victoire importante pour les forces gouvernementales. Un succès qui ne marque pour autant pas la fin d'un conflit qui a jeté des millions de personnes sur la route et tué des dizaines de milliers de Soudanais.

Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des hommes en treillis, accompagnés de jeunes volontaires de milices armées pro-gouvernementales coiffés de bandeaux, qui paradent dans l'enceinte d'un palais présidentiel en ruines.

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Un « coup dur », pas une victoire totale

L'opération, qui consistait à encercler les paramilitaires, avait en réalité commencé dimanche 16 mars, après la reconquête de nombreux quartiers de la capitale au cours des dernières semaines. Bien que le général Hemetti, chef des FSR, avait donné l'ordre à ses éléments de tenir la position, ces derniers ont tenté de s'enfuir mercredi 19 mars, avant de se heurter à puissance de feu des soldats soudanais.

D'après une source sécuritaire contactée par l'AFP, un convoi de 30 véhicules a été détruit. Le général Nabil Abdallah, porte-parole qui s'est exprimé à la télévision nationale, a assuré que « nos forces ont complètement détruit les combattants et les équipements de l'ennemi, et ont saisi de grandes quantités d'équipements et d'armes ».

La reprise du lieu du pouvoir soudanais est un « coup dur pour les forces de soutien rapide » du général Hemetti, note Alan Boswell de l'International Crisis Group (ICG), qui précise que cela marque un « tournant majeur dans la guerre au Soudan ».

Les hommes du général Hemetti ne comptent pour autant pas en rester là. Dans un communiqué, les FSR font savoir que « la bataille pour le palais présidentiel n'est pas terminée ». Peu de temps après avoir crié « victoire », les forces pro-gouvernementales à l'intérieur du palais ont été la cible de plusieurs tirs de drones des FSR, lesquelles ont tué plusieurs personnes, dont trois journalistes de la télévision nationale.

Redéploiement des FSR

Si l'empreinte des FSR à Khartoum se réduit, Roland Marchal, chercheur à Sciences Po, présage qu'un redéploiement pourrait s'opérer. « Une bonne partie des hommes, et peut-être un peu de matériel, vont réussir à quitter Khartoum et se replier à l'ouest du pays, là où les bases et le nombre de combattants des FSR sont beaucoup plus importants et peuvent permettre des combats acharnés et peut-être une contre-offensive », explique le spécialiste du Soudan.

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Ce vendredi 21 mars, dans la soirée, le général Al-Burhane, à la tête des forces gouvernementales, a fait savoir « qu'il n'y aura pas de négociation tant que ces gens existeront ». D'après le chercheur, le repli stratégique des paramilitaires vers l'ouest du pays pourrait également menacer la ville d'El-Fasher, capitale du Darfour du Nord, qui résiste tant bien que mal aux assauts répétés des FSR depuis le début de la guerre. Une conquête qui « donnerait une cohérence politique et territoriale à l'existence d'un gouvernement » parallèle souhaité par le général Hemetti, note Roland Marchal.

Le 4 mars, des membres des FSR et du groupe politico-armé Mouvement de libération du Soudan-Nord, le SPLM-Nord, avait signé une « Constitution de transition » qui « officialise » le contrôle des RSF sur l'ensemble de la région du Darfour, tout en reconnaissant l'autorité du SPLM-Nord sur le Kordofan, et expose les plans de création d'une « armée nationale » commune.

Jeudi 20 mars, de violents combats ont été enregistrés au nord d'Al-Fashir pour le contrôle d'une localité qui, si elle tombait, couperait un axe d'approvisionnement pour l'armée, selon le média Sudan War Monitor.

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