De retour à la compétition après deux années d'absence, la plus vieille écurie du turf mauricien souhaite visiblement jouer les premiers rôles cette saison. Elle ne lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins.
La saison hippique 2025, organisée par le Mauritius Turf Club(MTC), et dont le coup d'envoi sera normalement donné en juillet prochain, sera marquée par le grand retour de l'écurie Gujadhur. La doyenne des écuries du turf est une véritable institution dans le monde hippique et ce retour est accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par ses nombreux supporters qui avaient déserté le Champ-de-Mars après sa fermeture - (Ndlr: après 118 années d'existence) - en janvier 2023.
Pour rappel, l'entraîneur Ramapatee Gujadhur avait décidé de tirer sa révérence car il refusait de s'associer avec le nouvel organisateur hippique, la People's Turf de Jean-Michel Lee Shim. Il avait également dénoncé à l'époque, la «mainmise» du clan Jugnauth/ Lee Shim sur quasiment tous les aspects du monde hippique.
Suite au changement de régime et au retour du traditionnel organisateur hippique, le MTC, l'entraîneur, qui peut se targuer d'avoir tout gagné sur le turf mauricien, effectuera ainsi son grand retour au Champ-de-Mars. Il faut dire qu'au fil de plus d'un siècle d'existence, l'histoire de l'écurie Gujadhur a toujours été étroitement liée à celle du MTC.
Avec le retour aux affaires du club bicentenaire, on a constaté un engouement palpable des propriétaires mauriciens sur le marché sud-africain depuis le début de l'année. Plus d'une centaine de nouvelles unités ont déjà été achetées en vue de la nouvelle saison et il paraît que l'écurie Gujadhur, à elle seule, en a déjà acquis au moins une vingtaine pour rebâtir son effectif.
Rampatee Gujadhur, qui est à l'aube de ses 80 ans, n'a peut-être pas la fougue d'antan, mais il semble toujours aussi déterminé à faire briller la casaque bleue électrique. Avec le soutien de son fils Mukund, qui est propriétaire de plusieurs chevaux en Afrique du Sud et qui dispose d'un solide réseau sur le marché des chevaux, il a cherché à construire un effectif homogène, tout en privilégiant des chevaux de qualité, aptes à bien défendre ses couleurs dans les courses classiques.
Outre Allez Maurice (17s-3v-7p) et Itsrainingwilliam (24s-4v12p), deux chevaux âgés de 5 ans qui ont débarqué en février dernier et qui seront probablement au départ de la Duchesse, Ramapatee Gujadhur fondera de gros espoirs sur les prometteurs At My Command et Moonlight Trader. Agé de 5 ans, At My Command (25 s- 4 v-13p) est un ancien élève de l'entraîneur Brett Crawford qui est appelé à gravir les échelons chez nous. Il est bon de faire ressortir que ce spécialiste du 1400m (3 victoires) était sur les tablettes de plusieurs écuries, mais c'est finalement l'écurie Gujadhur qui a eu le dernier mot.
Agé de 3 ans, Moonlight Trader (12s-3v-5p) est aussi prometteur qu'At My Command. À juste titre, il a réussi à épingler une victoire dans un Groupe 3 (Graham Beck Stakes) en dominant sur le fil le nouveau pensionnaire de l'écurie Foo Kune, Wolf Mountain, sur 1400m en novembre dernier. L'entraîneur pourra également compter sur l'expérimenté et versatile Zeus dans le Maiden, une épreuve qu'il affectionne particulièrement pour l'avoir déjà remporté en plusieurs occasions au cours de la dernière décennie.
Âgé de 6 ans, Zeus (35s-10v-8p), qui détenait un rating de 117 à la fin de sa carrière sud-africaine, est un sujet qui a évolué en excellente compagnie et qui s'est imposé de 1400m à 2600m. Puissant finisseur, il a remporté toutes ses victoires sous la selle de Gavin Lerena. Ses futures confrontations avec le crack de l'écurie Rameshwar Gujadhur, The Gatekeeper, dans les courses de moyennes distance promettent des étincelles. On retiendra aussi le bon palmarès de Sun Blushed (21s-5v-10p), un coursier qui devrait se montrer très utile sur sprint court au Champ-de-Mars.
Pour conclure, compte tenu de la compétition qui s'annonce féroce, cela ne sert à rien d'acheter de bons chevaux si on ne dispose pas d'un bon jockey et dans cette optique, l'écurie Gujadhur pourrait faire appel à l'Australien Noel Callow, dont le nom est cité avec persistance depuis quelques semaines.
Il est bon de rappeler que Callow s'était distingué pour de mauvaises raisons lors de son dernier passage chez nous en 2016 alors qu'il défendait les couleurs de l'écurie Patrick Merven. Après avoir écopé de trois semaines de suspension et Rs 100 000 d'amende pour une monte peu convaincante sur Fyrkat, il avait quitté le pays en catimini - probablement avec la complicité de certaines personnes - pour échapper à une éventuelle enquête de la police des Jeux. Cette affaire avait suscité pas mal de remous à l'époque, à tel point que le whip de l'opposition d'alors, Rajesh Bhagwan, avait posé une question à ce sujet au Parlement.
Cela dit, malgré ses excès, force est de reconnaître que Callow demeure, à son meilleur niveau, un des meilleurs cavaliers à avoir évolué au Champ-de-Mars. Ce n'est certainement pas un hasard si les partisans de l'écurie Gujadhur ont gardé des souvenirs mémorables de ses derniers passages sous leur couleur fétiche : 15 victoires sur 67 montes en 2012, 11 gagnants dont la Duchesse avec Bulsara sur 61 montes en 2014 et 6 gagnants en 29 montes en 2015. Âgé aujourd'hui de 50 ans, Callow compte plus de 2 000 victoires à son compteur.