À Ampitatafika, commune de la région d'Analamanga, la rupture d'une digue sur la rivière Sisaony a provoqué d'importants dégâts matériels, dimanche 23 mars. Plusieurs dizaines de maisons ont été emportées par les eaux.
Le niveau de la rivière a dépassé la cote d'alerte rouge, déclenchant une crue exceptionnelle. Le quartier d'Anjanamoria, en bordure de digue, a été l'un des plus touchés.
« Du jamais vu. » Les habitants, les yeux embués de tristesse, faisaient face, lundi matin, aux décombres de leurs habitations.
Les fortes pluies ont provoqué la rupture de la digue longeant la rivière Sisaony, emportant plusieurs habitations. « J'avais une maison à deux étages sur cette digue. Elle s'est effondrée, ce matin. De l'eau a inondé notre maison, dimanche à midi. Nous avons bouché le trou où l'eau était entrée. Nous avons pensé que le problème était résolu. Puis lorsque nous nous sommes réveillés en pleine nuit, le rez-de-chaussée était déjà envahi par l'eau. La maison commençait à s'effondrer. C'est alors que nous avons décidé de sortir petit à petit nos meubles et nos matériels », témoigne Felana Joeline Rasoarimanana, l'une des sinistrées.
Si cette dernière a pu évacuer une partie de ses biens, d'autres n'ont pu sauver que quelques effets personnels. « L'eau a tout emporté, nos lits, nos chaises, nos volailles, nos marmites », rapporte Voahangy, arrivée quelques instants plus tôt sur la rive sécurisée, avec un simple sac de linge.
Alors que certaines victimes tentaient de récupérer ce qui pouvait l'être, d'autres maisons continuaient à s'effondrer. Un premier bilan du Bureau national de gestion des risques et catastrophes (BNGRC) faisait état de six habitations détruites.
Réhabilitation
L'Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d'Antananarivo (Apipa), présente sur les lieux, évoquait, elle, une vingtaine de logements affectés. Le maire d'Ampitatafika et un représentant du district d'Atsimondrano ont quant à eux recensé jusqu'à cinquante maisons détruites ou fortement endommagées.
Les habitants, pour beaucoup, ont fui dans l'urgence. « C'était pire que la dernière crue de rivière (ndlr : qui a eu lieu au mois de février). La montée de l'eau a été très rapide, elle a envahi notre maison en quelques minutes. Le niveau de l'eau arrivait au niveau de mes épaules, au moment où j'allais quitter ma case. L'autre fois, elle n'était qu'au niveau de mes genoux. C'était vraiment dangereux ce qui s'est passé, hier. Je ne m'y attendais pas du tout », raconte Alexis Rakotomamonjy.
Certains sinistrés estiment que la rupture de la digue, bien que destructrice, a pu éviter un drame humain. « Si cette digue n'a pas rompu, beaucoup de personnes auraient été emportées par l'eau », assurent-ils.
Il s'agit d'un énième effondrement sur la rive gauche de la digue, dans la commune d'Ampitatafika. Deux brèches, longues de cinquante mètres chacune, se sont ouvertes à Ambohidava et à Anjanamaitso, dans le fokontany d'Ambohimangidy. L'une d'elles se situe à proximité immédiate d'une section consolidée en 2022. « Les fortes pluies ont provoqué la rupture de cette digue. La partie réhabilitée est restée intacte», précise Andriamahafaly Ramanantsoa, directeur général de l'Apipa.
La réparation des brèches est envisagée, mais ne pourra être engagée qu'à la saison sèche. En attendant, les autorités redoutent d'autres effondrements si de nouvelles précipitations devaient survenir. La fragilité de l'infrastructure est aggravée par la présence de centaines de maisons bâties illégalement sur la digue, en violation des réglementations en vigueur.
Un bébé meurt dans une tente surchargée
Une famille victime des crues de la rivière Sisaony a perdu son bébé âgé de sept mois, dans le site d'hébergement des sinistrés à Ampitatafika, dans la nuit du dimanche 23 mars. « Ce bébé était déjà malade lorsqu'il est arrivé au site d'hébergement. Il avait souffert d'une infection pulmonaire. Il avait reçu des traitements dès son arrivée», indique un médecin dépêché par le ministère de la Santé publique sur place pour s'occuper des sinistrés. Jaona Rakotondrainibe, chef de secteur à Ampitatafika Vaovao, qui a été témoin de ce décès, raconte que ce bébé a trouvé la mort dans une tente
« surchargée ». Plus d'une cinquantaine de personnes, adultes et enfants, ont dormi avec lui dans cette tente de près de 20 m², avec très peu d'aération. Même le jour, avec une dizaine de personnes assises dans la tente, un grand manque d'air est ressenti.
« Les équipes de santé ont quitté le site le soir. Vers 23 heures, l'enfant était essoufflé. C'est ce qui a conduit à sa mort », raconte cet homme.
D'autres personnes « vulnérables » logent dans ces tentes où la promiscuité est inévitable. « Deux mille personnes sont arrivées dans ce site d'hébergement depuis hier. Dix-sept tentes ont été installées pour les accueillir, mais cela reste insuffisant. Des sinistrés continuent à arriver ce matin. Il nous faut plus d'abris pour éviter qu'ils s'entassent dans un espace exigu », indique un responsable.
Cette forte concentration de personnes favorise la propagation de maladies dans ce site. « La majorité des sinistrés souffrent d'infections respiratoires. La maladie se transmet à cause de la promiscuité », enchaîne le médecin. Le nombre de tentes serait augmenté, au fur et à mesure des besoins, selon un responsable au sein du district d'Atsimondrano.
Trois morts, près de dix mille sinistrés
Le BNGRC a rapporté, hier, trois décès, neuf mille sept cent sinistrés, issus de deux mille sept cent ménages, cinq mille personnes déplacées et deux mille deux cent cases inondées, suite aux fortes pluies qui ont frappé Antananarivo depuis le 22 mars. Le district d'Atsimondrano a été fortement touché. Les trois décès concernent des enfants résidant dans ce district.
Les deux premiers ont trouvé la mort, emportés par l'eau, suite à la rupture du bassin de rétention d'eau à Ambohijanaka, le soir du samedi. Le troisième est un bébé décédé dans le site d'hébergement à Ampitatafika, la nuit du dimanche. Huit mille trois cent des sinistrés se trouvent dans le district d'Atsimondrano. Des inondations ont également frappé la ville d'Antananarivo. Six cent quatre-vingt sinistrés se trouvent dans le district de Tanà I, sept cent soixante et un, dans le district de Tanà IV, et dix, dans le district de Tanà II. Ils sont accueillis dans huit sites.
Le niveau de la rivière Sisaony diminue
Le niveau de la rivière de Sisaony a diminué, étant désormais en dessous de la cote de vigilance rouge à l'échelle d'Ampitatafika, selon le bulletin d'annonce des crues dans la plaine d'Antananarivo, établi par l'Apipa, hier à midi. Il était de 3,30 m à cette station et continuera à baisser. Cependant, l'avis de vigilance rouge dans les communes de Tsiafahy, d'Androhibe Antsahadinta, de Bongatsara, d'Antanetikely Ambohijoky, d'Alatsinainy Ambazaha, d'Ampahitrosy, de Soalandy, d'Ampanefy, de Soavina, d'Anosizato Andrefana, d'Ampitatafika, d'Ambavahaditokana, de Fenoarivo, d'Itaosy, d'Ambohitrimanjaka, de Fiadanana et d'Ampangabe n'a pas encore été levé, hier, d'après le dernier bulletin de l'Apipa.
Les prévisions météorologiques de la direction générale de la Météorologie indiquaient la continuation de la vigilance fortes pluies dans la région d'Analamanga, hier. Ce jour, des pluies sont encore attendues sur une grande partie de l'île, y compris l'Analamanga. Météo Madagascar n'a toutefois pas précisé une vigilance fortes pluies pour ce jour.
Les prévisions météorologiques de la Direction générale de la Météorologie indiquaient la continuation de la vigilance fortes pluies dans la région d'Analamanga, hier. Des pluies sont encore attendues sur une grande partie de l'île, y compris l'Analamanga. Météo Madagascar n'a toutefois pas précisé de vigilance fortes pluies pour ce jour.