Afrique: Repenser la gestion de la dette et la justice financière – Un levier pour la souveraineté économique du continent

M. Jason Braganza, Directeur Exécutif d’Afrodad, le Dr. Christian Ayiku, membre du conseil d'administration d’Afrodad et M. Howard Mwangi, responsable des campagnes de communication chez Afrodad
26 Mars 2025

La première journée de la cinquième édition de l'Initiative Médias AFRODAD qui s’est ouverte ce 25 mars à Johannesburg, en Afrique du Sud, a mis en lumière l'ampleur de la crise de la dette et les solutions possibles pour y faire face.

A cet effet, des discussions ont émergé de tous côtés, favorisant un partage d'idées constructif. Sous la thématique, « la situation actuelle de la dette et les solutions potentielles, y compris la restructuration de l'architecture financière mondiale », les acteurs d’Afrodad ont animé une table ronde, où ils ont partagé leurs expériences et évoqué la situation économique difficile de nombreux États.

Pour les différents orateurs tels que M. Howard Mwangi, responsable des campagnes de communication chez Afrodad, M. Jason Braganza, Directeur Exécutif d’Afrodad, et le Dr. Christian Ayiku, membre du conseil d'administration d’Afrodad, les chiffres sont accablants.

Plus de la moitié des pays africains, dont des nations clés comme le Ghana, le Zimbabwe et la République Démocratique du Congo, se débattent avec des niveaux de dettes insoutenables.

Cette situation a des conséquences graves, affectant la capacité des gouvernements à investir dans des secteurs vitaux comme la santé, l’éducation et les infrastructures.

Paradoxalement, une grande partie des budgets nationaux est consacrée à rembourser des intérêts de dettes plutôt qu’à financer des services publics essentiels.

Pour le Dr. Christian Ayiku, membre du conseil d'administration d'Afrodad, un point crucial devrait être souligné, il précise que « Nous devons nous interroger sur la manière dont l’Afrique peut prendre sa souveraineté économique. Il est inadmissible que des pays comme la RDC, riche en ressources naturelles, continuent de sombrer dans la pauvreté. »

Pour lui, l’une des solutions réside dans une révision complète de l’architecture financière mondiale, et une restructuration radicale du système de gestion de la dette qui inclut l'annulation de certaines créances.

Les acteurs de la conférence ont rappelé l’importance des médias dans cette dynamique de changement. Selon Howard, l'un des intervenants : « Les médias ont un rôle fondamental à jouer afin de conscientiser la population sur les enjeux de la dette et l’impact qu’elle a dans la société. »

Afromedi, en tant qu'acteur clé dans le renforcement des capacités des professionnels des médias, œuvre pour que les journalistes puissent devenir des catalyseurs de la justice financière en Afrique.

La table ronde sur la situation actuelle de la dette a aussi permis d’évoquer les défis spécifiques liés à la dette souveraine, avec une attention particulière à l'endettement excessif des pays comme le Soudan, le Mozambique et l’Angola.

Ces pays, souvent contraints de mettre en place des politiques d'austérité, voient leur population se retrouver piégée dans un cycle de pauvreté.

Il faut dire que l'Afrique du Sud, hôte de l'événement et membre du G20, joue un rôle stratégique dans la discussion sur la restructuration de la dette à l'échelle mondiale.

Jason Braganza, directeur exécutif d'Afrodad, quant à lui a insisté sur l’importance de la gestion responsable de la dette : « La dette n’est pas en soi un mal, mais c’est la manière dont elle est contractée et utilisée qui détermine son impact. Les emprunts irresponsables et non réfléchis ont conduit à la situation désastreuse actuelle ». Il poursuit en précisant qu’il faut mettre l'accent sur les pratiques de prêts non transparents et sur la nécessité de repenser la manière dont les pays africains accèdent aux ressources financières.

Afrodad et ses partenaires, notamment les médias, œuvrent sans relâche pour créer un environnement plus juste et transparent pour la gestion de la dette en Afrique. L’objectif est de transformer le continent en un véritable acteur économique, capable de prendre des décisions souveraines sans dépendre des anciennes puissances coloniales.

Cette cinquième édition, qui rassemble 31 pays, constitue un pas important vers un changement de paradigme. Cependant, tout reste à faire pour que l'Afrique puisse vraiment prendre le contrôle de son destin économique et financier.

La lutte pour la justice réparatrice en matière de dette est loin d’être terminée, mais l’espoir est que, grâce à des initiatives comme celle-ci, l’Afrique pourra se réapproprier son avenir. Les médias auront un rôle déterminant à jouer dans cette transition, en veillant à ce que les peuples africains soient informés, impliqués et acteurs du changement.

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