Mali: Des experts de l'ONU demandent la libération de trois militants politiques torturés

Dans un communiqué publié lundi 24 mars au soir par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, une équipe d'experts indépendants demande « la libération immédiate et inconditionnelle de trois militants politiques » afin « qu'ils reçoivent des soins médicaux spécialisés. » Moulaye Baba Haïdara, Mahamoud Mohamed Mangane et Amadou Togola, membres du Mouvement pour la paix au Mali (MPPM) et du parti d'opposition Sadi, avaient été enlevés entre le 25 mai et le 23 juin 2023. Détenus et torturés par la Sécurité d'État malienne pendant plusieurs mois, leur cas n'a été transmis à la justice qu'en octobre 2023.

Les experts indépendants mandatés par les Nations unies se disent « alarmés » par leur situation. « Haïdara, Mangane et Togola ont droit à des soins médicaux urgents et le Mali a l'obligation, en vertu du droit international, de faciliter l'exercice de ce droit », affirme Eduardo Gonzalez, expert indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali.

Son équipe, composée de spécialistes de la détention arbitraire et des atteintes aux libertés fondamentales, rappelle que les trois hommes ont subi des « actes de torture » dans les geôles secrètes de la Sécurité d'État : flagellations, scarifications, électrocution des testicules pour l'un d'eux, « qui ont causé de graves souffrances physiques et mentales ».

Un refus persistant de libération

Le 29 octobre dernier, la Cour africaine des droits de l'homme avait demandé au Mali de libérer ces militants afin qu'ils puissent bénéficier de soins spécialisés. Deux jours plus tard, le juge d'instruction malien en charge de l'affaire avait également prononcé leur libération, cette fois pour vice de procédure. Pourtant, six mois plus tard, les trois militants sont toujours en prison.

Les experts onusiens appellent donc les autorités maliennes à se conformer à cette décision et à permettre aux trois hommes d'accéder aux soins nécessaires. Ils demandent également « l'examen rapide de leurs dossiers, qui semblent avoir été constitués en représailles à l'exercice de leur liberté d'expression. »

Poursuivis notamment pour « complot contre la sûreté de l'État », « atteinte à l'unité nationale » et « atteinte au crédit de l'État », les trois membres du Mouvement pour la paix au Mali avaient dénoncé, lors d'une conférence de presse, plusieurs exactions attribuées à l'armée malienne contre des civils.

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