À Antananarivo et ses alentours, des habitants ont été pris de court par les fortes pluies des derniers jours. Dans la nuit de samedi à dimanche 22 à 23 mars, la rivière Sisaony, qui traverse la banlieue sud-ouest de la ville, est brusquement sortie de son lit au niveau de plusieurs zones habitées. Lundi 24 mars au petit matin, une digue a cédé face aux crues. Plus de 11 000 sinistrés ont été recensés par le dernier bilan du bureau national de gestion des risques et des catastrophes. Dans la commune d'Ampitatafika, l'une des zones les plus touchées, à l'ouest de la capitale.
De l'eau jusqu'aux hanches, Pierrot s'empresse de traverser les 5 mètres qui séparent sa maison de la terre sèche. Chez cet habitant, encore encerclé par les eaux, les dégâts sont plus impressionnants qu'ailleurs. Les murs s'effritent, les meubles flottent. Mais de peur de tout perdre, lui refuse de rejoindre les sites d'accueil des sinistrés. « Vous êtes les premières personnes extérieures au quartier que j'aperçois ici. Aucun responsable n'est passé, alors quand je vous ai vu, j'ai accouru pour vous parler de ce qu'on vit. Moi, j'ai très peur que ma maison finisse par s'écrouler, mais j'ai décidé de rester ici pour éviter un cambriolage. »
Comme Pierrot, des centaines d'habitants ont été tirés de leur sommeil dimanche par la montée rapide des eaux. Ces zones insalubres sont exposées chaque année aux inondations. Cette fois, la maison de Faraniaina n'y a pas résisté et s'est écroulée. Ce n'est pas une raison pour cette habitante de quitter les lieux. « Mais où est-ce que vous voulez qu'on aille ? On a nulle part où aller et ici c'est notre terre ! Nous demandons simplement au président d'aménager cette zone pour nous protéger. On vit la même scène tous les ans, on a juste besoin d'aide. »
Dans la capitale, où le nombre d'habitants ne cesse d'augmenter chaque année, l'absence d'un plan d'urbanisme adapté favorise l'installation massive des plus démunis dans ces zones à risque, faute de places.