Ile Maurice: Des lacunes notées à Rodrigues également

Le NAO a aussi publié son rapport annuel sur les comptes de l'Assemblée régionale de Rodrigues (RRA) pour l'exercice 2023-24. Comme pour Maurice, le document met en lumière des insuffisances majeures dans la gestion des finances, la gouvernance, la transparence et l'efficacité des services publics.

Gouvernance déficiente et contrôles internes insuffisants

Le rapport note l'inopérance de la majorité des comités d'audit : aucune réunion n'a eu lieu durant l'exercice, malgré les obligations fixées dans les accords de performance. De plus, sur les 23 audits internes prévus, seuls trois ont été menés à terme. Le NAO pointe un manque de personnel qualifié et l'absence d'un cadre structuré de gestion des risques, pourtant exigé depuis 2021.

Dépenses non autorisées et manque de transparence

Plus de Rs 65 millions ont été transférées du Rodrigues Consolidated Fund vers les dépenses courantes sans approbation du Parlement ou de l'Assemblée régionale. Une telle procédure est contraire à la Constitution et avait déjà été signalée dans les rapports précédents, sans qu'aucune rectification ne soit faite.

Investissements sans suivi ni documentation

Le rapport critique l'absence de certificats d'actions pour plusieurs entreprises publiques, rendant impossible la mise à jour du registre des investissements. Un véhicule d'une valeur de Rs 1,5 million a été transféré à une société sans que cela ne se traduise en actions, en violation de la réglementation de 2008.

Retards dans les projets d'infrastructure

Les travaux d'aménagement de quatre terrains de jeux scolaires, pour un coût de Rs 17,3 millions, ont connu 9 mois de retard. Des défauts majeurs ont été observés sur place, notamment des structures mal conçues, des équipements rouillés et des surfaces impraticables.

La construction du Techno Park de Baladirou, lancée en 2021, n'était toujours pas achevée fin 2024. Pourtant, Rs 75 millions ont été avancées par la RRA sans autorisation légale ni conditions de remboursement claires.

Gestion déficiente de l'eau potable

Malgré Rs 11,8 millions dépensés en réparations, les usines de dessalement ne produisent que 1 768 m³/jour pour une capacité prévue de 2 740 m³/jour. Le déficit d'approvisionnement persiste, et aucune stratégie ni tarification n'a été mise en place pour optimiser la distribution de l'eau. Le Plan de développement du secteur de l'eau n'a toujours pas été élaboré.

Revenus non perçus et mauvaise gestion des arriérés

Le rapport révèle des arriérés de revenus de Rs 49,8 millions, incluant des redevances impayées pour des terres sans contrats signés.

Plus de Rs 30,9 millions dus au titre de licences commerciales ne sont pas inclus dans les états financiers.

Un cas frappant : Rs 5,8 millions avancées à une entreprise pour une unité d'extraction d'huile essentielle n'ont jamais été remboursés.

Indicateurs de performance non atteints

Sur sept commissions, six n'ont pas atteint leurs objectifs :

Seulement 20 % des foyers reçoivent l'eau potable chaque mois, contre un objectif de 50 %.

92 bénéficiaires ont reçu des matériaux de construction sociale, pour un objectif de 170.

Dans l'agriculture, la production de fruits a atteint seulement 2 000 arbres plantés, au lieu de 20 000.

Le secteur ICT/BPO n'a créé que 200 emplois, contre un objectif de 500.

Recommandations

Le NAO appelle à :

Un meilleur suivi des projets, avec comités de pilotage systématiques.

La récupération immédiate des avances non remboursées.

La mise en conformité comptable avec les normes International Public Sector Accounting Standards.

L'amélioration de la transparence dans les investissements publics.

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