Le leader de l'opposition, Joe Lesjongard, a placé la question du chikungunya et de la dengue au centre de la Private Notice Question (PNQ), hier, au Parlement. Face à lui, le ministre de la Santé, Anil Bachoo, a été sommé de répondre aux préoccupations de la population quant à la gestion de ces épidémies.
Un bilan de huit et trois cas
Dès le début de son intervention, Anil Bachoo a précisé le bilan actuel des infections : huit cas de chikungunya et trois cas de dengue confirmés par le Central Health Laboratory. Il a tenu à rassurer que tous ces cas sont d'origine locale, sans contamination importée. Cette affirmation a soulevé des interrogations du côté de l'opposition, qui a remis en question l'efficacité du système de surveillance aux frontières, notamment à l'aéroport et au port.
Surveillance aux frontières
Le ministre de la Santé a expliqué que, depuis son entrée en fonction, des protocoles stricts ont été mis en place pour détecter les infections à l'entrée du territoire. Tous les passagers sont soumis à un contrôle sanitaire à leur arrivée, notamment pour des maladies telles que le chikungunya, la dengue, le paludisme, la grippe aviaire, le choléra, et même le Covid-19. Les données collectées (nom, adresse locale, pays d'origine) sont intégrées au système Power Business Intelligence et transmises aux bureaux de santé des différents districts le jour même.
Actuellement, 97 officiers sont mobilisés pour assurer la surveillance des maladies vectorielles. En seulement deux mois (janvier-février 2025), les chiffres suivants ont été enregistrés : surveillance du choléra , 2 542 personnes ; surveillance du paludisme, 13 840 personnes; surveillance du virus Ebola, 355 personnes ; surveillance du Zika, 8 772 personnes ; surveillance du chikungunya, 3 673 personnes ; surveillance de la dengue, 5 632 personnes ; surveillance de la peste, 6 403 personnes, et surveillance des autres maladies, 37 701 personnes.
Une stratégie de détection et de prévention
Anil Bachoo a souligné que son ministère applique une stratégie intégrée de surveillance et de réponse aux maladies, incluant le chikungunya et la dengue. Un plan opérationnel de prévention et de lutte contre ces virus a été révisé en février 2025 pour s'adapter à l'augmentation des cas signalés à La Réunion. Ce plan prévoit notamment : la mise en place d'une équipe de gestion des incidents, le renforcement des capacités de surveillance, et une campagne de communication et de sensibilisation communautaire. En parallèle, depuis janvier, 918 tests ont été effectués pour le chikungunya et la dengue. Le Central Health Laboratory dispose de 34 000 tests pour la dengue et de 8 000 tests pour le chikungunya.
Mesures de lutte sur le terrain
Les autorités ont déployé une série de mesures pour contrer la propagation des moustiques vecteurs. Les opérations incluent : des inspections environnementales dans un rayon de 300 mètres autour des foyers identifiés, des opérations de pulvérisation intra et extradomiciliaires, la distribution de larvicides, des actions de brumisation et de fumigation, et le suivi des contacts des cas identifiés.
En chiffres, les interventions effectuées sont les suivantes : 2 045 foyers visités, 201 prélèvements sanguins effectués. 72 cas contacts identifiés. 25 avis de nuisance émis et 3 346 avis de nuisance envoyés aux autorités locales. De plus, une campagne de nettoyage de grande ampleur est en cours, coordonnée par la National Environment Cleaning Agency. Un budget de Rs 11 millions a été alloué pour l'élimination des déchets volumineux à partir du 29 mars 2025.
Le ministre a toutefois critiqué l'ancienne administration pour une dotation budgétaire insuffisante. Seulement Rs 3 millions avaient été prévus pour le nettoyage des terrains vagues, au lieu des Rs 18 millions nécessaires. De plus, Rs 55 millions sont encore dus aux agents de la Santé, et Rs 28 millions à d'autres ministères et départements.
La question de Rodrigues a été évoquée. Le ministre a confirmé que toutes les mesures appliquées à Maurice seront également mises en oeuvre dans l'île. En parallèle, des initiatives innovantes sont à l'étude, comme l'utilisation de moustiques stériles génétiquement modifiés, une méthode déjà testée en Inde.
Enfin, Anil Bachoo a annoncé que son ministère surveille activement les progrès en matière de vaccination contre le chikungunya et la dengue. Deux vaccins contre la dengue sont déjà disponibles sur le marché international : le Dengvaxia et le Qdenga. Un vaccin contre le chikungunya, encore en phase d'approbation dans certains pays, pourrait être une solution à long terme.