Burkina Faso: Coopération sino-burkinabè - Eldine Damiba, ou l'art de concillier études et petit commerce en Chine

Aude Eldine Damiba a bénéficié d'une bourse d'étude pour un Master en finance internationale et investissements à l'université internationale de commerce et d'économie de Pékin, en République populaire de Chine, réalisant ainsi son rêve d'y poursuivre ses études supérieures. Rencontrée en juin 2024 dans la capitale chinoise, l'étudiante burkinabè a trouvé une manière créative de générer des revenus complémentaires en dehors de sa bourse d'étude en vendant du dêguê.

A la faveur de la reprise des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la République populaire de Chine, de nombreux étudiants burkinabè ont eu l'opportunité de poursuivre leurs études dans l'Empire du Milieu. Aude Eldine Damiba fait partie de ceux qui ont réalisé ce rêve, grâce à une bourse lui permettant de poursuivre un Master en finance internationale et investissements à l'université internationale de commerce et d'économie de Pékin.

Depuis ses années de Licence en banque, assurance et finances à l'Institut burkinabè des arts et métiers (IBAM) de 2018 à 2021, Aude Damiba nourrissait l'ambition

d'étudier en Chine. « J'ai choisi la Chine parce que c'est un pays qui a beaucoup évolué, et y faire des études en finances m'offre des perspectives professionnelles solides, avec des compétences et des connaissances qui me prépareront bien pour l'avenir », confie-t-elle.

Animée par le désir de concrétiser son rêve, Aude Eldine Damiba a soumis sa candidature pour la bourse d'études chinoise, en décembre 2021, juste après avoir obtenu sa Licence.

En février 2022, sa persévérance porte fruit. Elle est présélectionnée, puis retenue parmi les 10 étudiants burkinabè choisis pour poursuivre leurs études en Licence, Master ou doctorat en Chine. Cependant, les démarches pour sélectionner les universités ont été retardées par la pandémie mondiale de la COVID-19 et la fermeture des frontières, rendant l'attente encore plus longue.

La Chine ou une carrière en entreprise

Pendant la période d'attente, Aude Eldine Damiba a su mettre à profit son temps pour acquérir de l'expérience à travers deux stages. Le premier, d'une durée de six mois, a été effectué dans une banque, de décembre 2021 à mai 2022. Puis, en juin 2022, elle entame un second stage de quatre mois au sein d'une société minière.

A deux semaines de la fin de ce stage, elle annonce son départ imminent pour la Chine, ce qui lui vaut une proposition d'embauche « très alléchante » en tant qu'assistante administrative avec un salaire mensuel brut de 600 000 FCFA. A seulement 22 ans, la jeune Damiba se retrouve face à un dilemme : accepter l'opportunité professionnelle offerte ou poursuivre son rêve d'étudier en Chine.

Bien que la pression familiale l'incitait à choisir la sécurité d'un emploi stable, son désir de réaliser son rêve l'emporte et elle décide de se rendre au pays de Mao Zedong pour y poursuivre ses études.Après neuf mois d'attente, les préparatifs pour le départ vers la République populaire de Chine commencent enfin. Le 16 octobre 2022, elle prend finalement son vol en direction de la Chine, pour intégrer l'université internationale de commerce et d'économie de Pékin.

Avant même son départ du Burkina Faso, Aude Eldine Damiba avait opté pour un programme en anglais, une option qui lui convenait mieux. En septembre 2022, elle a donc commencé à suivre des cours en ligne en anglais, afin de se préparer au mieux. Ayant choisi cette langue pour son programme, elle a renforcé ses compétences en anglais durant trois mois au Burkina Faso.

A son arrivée en Chine, elle a continué à suivre les cours à distance, depuis sa chambre, jusqu'en décembre 2022. Malgré les restrictions sanitaires toujours en place en raison de la COVID-19, l'université avait pris les dispositions nécessaires pour ne pas retarder le programme.

La vente de dêguê, une source de revenus

A la fin du deuxième semestre de son cours de mandarin (langue chinoise), en mai 2023, l'enseignante a proposé à ses étudiants de cuisiner un plat traditionnel de leur pays d'origine pour le présenter lors d'un dîner. Loin de la patrie et ne sachant quel plat préparer, l'étudiante burkinabè a décidé de réaliser un plat typique du Burkina Faso à savoir le dêguê. Bien qu'elle n'ait pas l'habitude de cuisiner ce plat, ayant plutôt préparé du yaourt au Burkina, elle a cherché des recettes sur YouTube pour apprendre à le faire.

Après s'être familiarisée avec la recette, elle a préparé deux bidons de 1,5 litre de dêguê. Le premier a été offert à ses compatriotes burkinabè de l'université, tandis que le second a été partagé lors du dîner. L'enseignante et ses camarades ont tellement apprécié ce plat qu'ils ont commencé à en redemander. C'est ainsi qu'a débuté la vente de dêguê pour Aude Eldine Damiba. Elle a baptisé son plat « Dina Sweet Taste », une version sucrée du dêguê qui a rapidement conquis les étudiants de son université, puis au-delà, la communauté burkinabè.

De bouche-à-oreille, la demande s'est étendue à plusieurs universités de la ville de Pékin et Aude a commencé à faire des livraisons pour satisfaire ses nombreux clients. Le dessert, devenu très populaire, a fait sensation parmi les étudiants, qui raffolaient de cette délicieuse spécialité.

Apprendre à s'adapter

Outre Mlle Damiba, 13 autres étudiants burkinabè poursuivent leurs études supérieures dans divers domaines à l'université internationale de commerce et d'économie de Pékin. Au nombre de ceux-ci, la doctorante en Diplomatie et Relation internationale, Awa Traoré, considérée par Aude Eldine Damiba comme sa soeur ainée avec qui elle entretient de bons rapports.

Lorsqu'elle est arrivée en 2022, a expliqué Awa Traoré, la situation était difficile dû au fait des restrictions de la COVID-19 qui étaient toujours en vigueur.

« Il fallait lui prêter main-forte jusqu'à ce qu'elle puisse voler de ses propres ailes », soutient-elle. A l'écouter, chacune d'entre elles a des occupations académiques. Il était donc difficile de se retrouver régulièrement.

Malgré tout, a-t-elle mentionné, elles font l'effort de porter assistance à l'autre, chaque fois que besoin est.

« A l'université internationale de commerce et d'économie de Pékin, je suis la grande soeur de tous les étudiants burkinabè. Certes, on ne se voit pas tous les jours mais on se soutient mutuellement en vue de surmonter certains moments difficiles », a soutenu la doctorante.

A propos de la vente de dêguê de sa « petite soeur », elle a estimé que c'était une bonne initiative parce qu'en Chine, il faut apprendre à s'adapter quel que soit la situation. Autrement dit, elle a soutenu qu'il est difficile de compter uniquement sur la bourse pour joindre les deux bouts.

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