Les relations entre Alger et Paris restent tendues. Outre l'immigration, les échanges achoppent sur les questions mémorielles.
Alger s'en prend souvent aux conséquences de la période coloniale française entre 1830 et 1962 et s'apprête à franchir le cap en préparant une loi visant à criminaliser la colonisation. Le président de l'Assemblée nationale, Brahim Boughali, a annoncé la création d'une commission ad hoc chargée d'élaborer le projet.
« Tous les moyens nécessaires seront mis à la disposition de cette commission pour accomplir ses missions. Elle pourra faire appel à toutes les compétences, aux experts et aux juristes pour les questions mémorielles et les crimes commis contre l'Algérie, l'Homme et l'Histoire durant la période 1830-1962 », peut-on lire dans un communiqué. L'initiative s'inscrit sans un climat de tensions diplomatiques croissantes entre l'Algérie et la France, son ancienne colonisatrice. Les deux pays sont à leur plus bas niveau depuis l'indépendance en 1962.
La reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental a été perçue par Alger comme une trahison, exacerbant les dissensions. S'ajoutent à cela le contentieux migratoire, avec le refus de l'Algérie d'accueillir certains de ses ressortissants expulsés et la menace française de réviser l'accord de 1968. La situation s'est encore envenimée avec l'arrestation d'influenceurs algériens en France et l'incarcération en Algérie de l'écrivain Boualem Sansal.
La mémoire coloniale reste un sujet de discorde majeur. En septembre 2021, Emmanuel Macron avait accusé le « système politico-militaire » algérien d'entretenir « une rente mémorielle », des propos qui avaient provoqué une crise diplomatique, conduisant au rappel de l'ambassadeur d'Algérie à Paris.
Pourtant, un signe d'apaisement semble émerger. Récemment, le président algérien a réaffirmé un dialogue avec son homologue français. « Nous travaillons ensemble. Il y a eu, c'est vrai, un moment d'incompréhension, mais il reste le président de la République française. Tous les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu'il délègue », a-t-il déclaré. Une ouverture que Paris perçoit comme un geste de détente. Pour l'heure, Paris n'a pas officiellement réagi au projet algérien de criminalisation de la colonisation.