Tunisie: Consommation - Où est le rôle social des grandes surfaces ?

26 Mars 2025

Depuis le 15 septembre 2024, nous avons soulevé le problème de nos grandes surfaces qui ne jouent aucun rôle social (ou presque). En effet, les faits sont là et personne ne peut prouver le contraire.

C'est dire que le consommateur est régulièrement mis au-devant de deux alternatives : payer plus cher un produit dont son pays est grand producteur, ou attendre des jours meilleurs, tout en espérant une intervention de l'Etat pour réguler le marché.

Bien entendu, il s'agit de se demander pour quelle raison l'Etat doit intervenir.

Parce que tout simplement les organes de régulation sont impuissants devant ce phénomène qui plonge ses racines dans une frénésie incroyable qui s'empare du consommateur le temps de faire avaler la pilule.

Voici les prix du poulet, dont le prix est fixé à 8,500 DT/kg, affichés ce week-end dans une grande surface de la capitale :

Haut de cuisse : 13,950 DT/kg

Blanc : 17,300 DT/kg

Cuisses : 13,800 DT/kg

Par rapport au prix fixé par les autorités compétentes à 8,500 DT/kg pour le poulet entier, cela représente une hausse effarante qui atteint les 103%.

Lorsque nous constatons ces écarts, nous ne pouvons rester sans réaction, tout en nous posant la question qui taraude tous les gens de bon sens: pourquoi nos grandes surfaces, qui sont présentes dans tous les gouvernorats du pays, ne jouent aucun rôle social et qu'au contraire, compliquent la vie des citoyens qui n'ont aucun moyen de réagir?

«Ils peuvent aller ailleurs» peut-on avoir comme réponse. Oui, mais la solidarité, le soutien que nous nous devons les uns envers les autres, ce minimum d'humanisme qui relie consommateur et prestataire de services, notre éducation, nos valeurs, cette contribution de l'Etat pour soutenir les prix des intrants etc, qu'en fait-on?

Cela semble le dernier souci de ces grandes surfaces qui plastronnent un avis de «baisse de prix»... concernant des produits autres que ceux de grande consommation et surtout de produits frais, base de toute possibilité de se nourrir.

Alors que les grandes surfaces à l'étranger effectuent des efforts pour aider le consommateur en baissant effectivement leurs prix et jouant sur le nombre. Elles n'y perdent rien, bien au contraire, elles gagnent en fidélité tout en apportant leur contribution dans la lutte contre la vie chère. Nos grandes surfaces ne font aucun effort, bien au contraire, elles compliquent la situation.

L'État doit-il tout verrouiller par des décisions?

Il nous semble que ces magasins à rayons multiples devraient se rendre à l'évidence et revenir à plus de réalisme.

Nous comprenons le rôle qu'elles jouent en se rapprochant de la clientèle, la qualité qu'elles offrent, la possibilité de choisir légumes et fruits où on n'est jamais grugés, l'accueil, etc., mais il y a l'aspect social.

Considérant que tout le pays est engagé dans une reprise en main et un redressement que nous avons tous souhaité, il faut absolument qu'elles y contribuent en revoyant leur politique commerciale. Il est normal qu'elles gagnent de l'argent, mais... autrement.

Il y a lieu de relever le rôle des grandes surfaces dans les pays où les organisations de défense des consommateurs sont actives. Les hypermarchés et les supermarchés contribuent à la lutte contre la vie chère. Ce n'est malheureusement pas le cas chez nous. Les fruits sont affichés à des prix incroyables pour un pays producteur, les légumes dépassent largement la moyenne que l'on enregistre ailleurs. A croire que leur participation à l'effort souhaité de lutter contre la vie chère, n'est pas à leur ordre du jour. C'est un problème de marges sur lequel il faudrait revenir pour les inciter à contribuer à cette lutte de tous les jours.

Engagé dans la lutte contre la vie chère, Intermarché, en France par exemple, a lancé sa campagne «Quand on vous dit qu'on est contre la vie chère». Consciente des préoccupations des Français, l'enseigne prend des mesures dès l'année 2024 pour en tenir compte. Cela concerne notamment une offre de 1.000 produits à des prix en baisse, des produits frais à des prix étudiés, et des promotions et avantages fidélité.

On donne rendez-vous aux consommateurs trois fois dans la semaine, les jeudi, vendredi et samedi, en proposant des produits frais à des prix attractifs. Cela concerne les articles de poissonnerie, boucherie, fruits et légumes, charcuterie, fromage, boulangerie/viennoiserie. Les détenteurs de la carte de fidélité profitent également d'un avantage de 10% sur les fruits et légumes frais tous les week-ends.

Tous ces prix qui voltigent, sont inexplicables. Les consommateurs paient- ils le décor, le néon, le « nom » ou le produit qu'ils achètent ? Juste en face, au coin de la rue, des revendeurs de volailles vendent aux prix fixés ?

« Nous travaillons au nom du producteur et pourtant nous recevons des quantités infimes par rapport à ce qu'ils donnent aux grandes surfaces, qui s'imposent et imposent leurs conditions », nous a confié sous le sceau de l'anonymat un revendeur.

Cela explique beaucoup de choses.

Il y a du travail à faire de ce côté et ce n'est pas la première fois que nous le signalons.

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