Cameroun: Les Bamiléké ne devraient pas avoir peur de soutenir le combat contre la dictature de Paul Biya

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Même si l'indépendance a été concédée à ceux qui n'en voulaient pas, il est un fait indéniable que les Bamiléké, aux côtés du peuple Bassa, ont payé le tribut le plus lourd, avant et après 1960. Ils ne se sont pas levés pour leurs villages, mais pour le Cameroun tout entier. Et chaque goutte de sang suintant d'un bras sectionné, d'une jambe arrachée, d'une tête tranchée... chaque cri de femme et d'enfant fauché sous le napalm... chaque supplicié laissé pour mort dans les collines embrasées... tout cela, c'était pour le Cameroun.

Aucun combat politique d'envergure nationale ne s'est mené au Cameroun sans l'implication des Bamiléké. Et à chaque fois, ils ont payé le prix du sang. Ils ont été massivement derrière Um Nyobé, un Bassa. Ils ont été massivement derrière Fru Ndi, un fils de la Mezam.

De même, des Bamiléké ont massivement adhéré à l'UNC, puis au RDPC, que certains soutiennent encore aujourd'hui. La majorité des hommes d'affaires Bamiléké sont d'ailleurs militants de ce parti. Car oui, il y a toujours eu deux types de Bamiléké : ceux qui, pour protéger leurs affaires, s'arrangent avec le pouvoir en place, et ceux qui, sentant le poids de la mauvaise gouvernance sur l'économie, donc sur leurs entreprises et leurs familles, se lèvent pour le pays.

Ainsi, que les Bamiléké se dévouent aujourd'hui au combat politique porté par Maurice Kamto n'a rien d'exceptionnel. Comme toujours, ils sont là, là où l'histoire s'écrit, là où l'avenir se joue. Je ressens une fierté immense d'appartenir à un peuple qui sait porter des causes plus grandes que lui, un peuple qui refuse de plier sous l'autoritarisme et la dictature.

Pourquoi, en effet, ceux qui ont lutté contre la domination coloniale française hier devraient-ils éprouver la moindre honte ou la moindre crainte à combattre aujourd'hui le nouveau visage de cette même colonisation, incarnée par Biya et sa clique de villageois ?

En 2011, faut-il le rappeler, sept candidats issus de l'aire culturelle Bamiléké ont pris part à l'élection présidentielle. Pourtant, jamais la ferveur populaire des Grassfields ne s'est cristallisée autour de l'un d'eux. En additionnant les suffrages qu'ils ont obtenus, on arrive à 2,14 % - fraude électorale incluse.

Cela prouve, s'il le fallait encore, que les choix politiques du peuple Bamiléké ne sont pas dictés par une proximité sociologique, mais par un intérêt qui dépasse les liens tribaux et sanguins.

Les accuser aujourd'hui de soutenir "le frère du village", alors qu'ils ont trouvé en Maurice Kamto ce qu'ils avaient trouvé hier en Osende Afana, Um Nyobé ou John Fru Ndi pour certains, en Ahidjo et Paul Biya pour d'autres, c'est faire preuve d'une malveillance crasse.

Frères et soeurs Bamiléké, le combat politique au Cameroun est inscrit dans votre ADN, ancré dans la lignée de vos ascendants, de génération en génération.

N'ayez pas honte de soutenir celui qui, à vos yeux, représente aujourd'hui la meilleure chance pour le Cameroun.

Quand le combat fut porté par un Bassa, vous l'avez soutenu.

Quand il fut porté par un Bulu, vous l'avez soutenu.

Quand il fut porté par un fils de la Mezam, vous l'avez soutenu.

Alors, ne vous abstenez pas de soutenir la lutte démocratique en cours au Cameroun, parce qu'elle est portée par Maurice Kamto.

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