Madagascar: Coup de grisou

opinion

Il était temps. La Commune urbaine d'Antananarivo a procédé hier à la démolition des échoppes construites à même le trottoir bordant l'enceinte universitaire à Ankatso. Une initiative saluée favorablement par l'opinion en général. L'anarchie et les constructions illicites ont frappé aux portes de l'université, au nez et à la barbe des autorités concernées. Et chacun croyait que tout était permis, même vu. Sans le moindre scrupule, sans peur et sans reproche, des commerçants se sont approprié le trottoir longeant le mur de clôture de l'université d'Antananarivo comme si c'était leur héritage, leur patrimoine.

Le mode opératoire est simple. On construit d'abord une échoppe en bois, puis on la change petit à petit en brique. Comme aucune autorité n'intervient pour rappeler à l'ordre les bâtisseurs illégaux, le bâtiment devient un immeuble de deux étages. À ce stade, les propriétaires estiment qu'ils sont à l'abri d'une éventuelle démolition. Une situation qui complique d'ailleurs la situation. Dans plusieurs cas, et selon la loi, la CUA doit avoir une ordonnance du tribunal avant de pouvoir démolir. Souvent, elle perd la partie. C'était le cas dans l'affaire des nouveaux pavillons bâtis sur l'esplanade à Analakely que la CUA voulait détruire en 2019 mais la justice a donné raison aux propriétaires.

Plusieurs bâtiments et chantiers illicites ont également été scellés et stoppés par la CUA, mais le temps d'une régularisation des papiers, et voilà que tout redevient légal.

Une incohérence qui rend difficile l'assainissement de la capitale, étouffée par les constructions illicites, l'occupation des trottoirs par les marchands ou des véhicules, les remblais qui continuent de plus belle malgré des mesures d'interdiction formelles.

Mais la CUA semble déterminée à empoigner le problème à bras-le-corps. Ainsi, après la libération d'Analakely, débarrassée de ses marchands de rue, Ambohijatovo a également subi un lifting palpable. Puis, hier, le coup de grisou est passé par Ankatso, et cette fois ce n'était pas contre des étudiants grévistes.

La mission reste énorme et difficile, étant donné que c'est toute la ville qui est gangrenée par le laisser-aller et l'absence totale d'autorité. À Isotry, Andravoahangy, Mahavoky, Besarety, Tsimbazaza, Mahamasina, Ambanidia, Ampasampito, Ankorondrano, Tsiazotafo, Petite Vitesse, Antanimena... il va falloir donner un coup de bulldozer pour dégager les trottoirs et les rues.

Mais même si c'est compliqué, la CUA a montré dans le passé qu'elle savait redonner le trottoir aux piétons, la chaussée aux véhicules et les marchés aux marchands après des décennies de gabegie.

Reste à espérer que ces mesures d'assainissement et de remise en état de la ville aillent au-delà de la visite du président français dans un mois. Les efforts ne doivent pas se relâcher. Il faut profiter de cette opportunité présidentielle et providentielle pour redonner à la capitale ses lettres de noblesse.

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