Le 26 mars marque un tournant dans la lutte pour la justice économique en Afrique. La 5e édition d'Afrodad, qui se déroule à Johannesburg, en Afrique du Sud, a vu une forte participation féminine sous le thème « La voix des médias dans l'avancement du mouvement féministe pour la justice de la dette ». Un événement marquant qui a mis en lumière l’importance des femmes des médias dans la lutte contre l’injustice économique liée à la dette publique.
L’édition de cette année s'est distinguée par la présence de figures emblématiques telles que Mme Khanyisile Litchfield-Tshabalala, ancienne amirale de la marine sud-africaine et ex-députée des Combattants pour la liberté économique, ainsi que Mme Riska Koopman, chargée de recherche en politiques et plaidoyer pour le financement public et privé international à l'AFRODAD. Ces intervenantes ont souligné l’importance de la voix féminine dans la dénonciation des injustices économiques, particulièrement en ce qui concerne la dette publique.
Mme Litchfield-Tshabalala a ouvert le débat en insistant sur le rôle crucial des médias dans l'émancipation des femmes.
Selon elle, « Les médias doivent donner une place aux femmes et revoir les informations qui les concernent. Lorsque les femmes accomplissent de grandes choses, il est essentiel que les médias en parlent. L'Occident a déjà pris la place de mauvais relayeur pour stigmatiser le statut de la femme». Elle a ainsi appelé à une couverture médiatique plus juste et plus équilibrée, qui reflète la réalité du travail et des réussites des femmes en Afrique.
Il convient de noter que ces discussions ont également permis de mettre en lumière des figures féminines incontournables telles que la présidente de la Namibie, Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah, la présidente du CIO, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, et la Première ministre de la République Démocratique du Congo, Mme Judith Suminwa Tuluka, qui incarnent parfaitement la souveraineté et la puissance de la femme dans la gouvernance.
Pour ce qui est de l'autonomisation des femmes, les intervenantes ont rappelé avec rigueur le rôle des médias pour sensibiliser les femmes aux enjeux économiques et à la notion de dette, notamment celles des zones rurales. Comme l’a rappelé l’honorable Litchfield-Tshabalala « Les femmes rurales sont souvent génératrices de revenus, et c’est de là que l’entrepreneuriat prend racine. Les médias ont la responsabilité d’expliquer de manière claire les conséquences de la dette sur leurs vies et sur leur avenir économique. »
Poussant la réflexion dans l’arène politique, Mme Riska Koopman a insisté sur l'importance des médias pendant les élections, soulignant qu'ils doivent informer et éduquer sans distordre la vérité. « Les médias jouent un rôle clé dans les élections, mais leur influence ne doit pas se transformer en instrument de manipulation. Les informations doivent être délivrées de manière objective et transparente», a-t-elle expliqué.
En dehors des débats intellectuels, la journée a également été marquée par des échanges constructifs entre journalistes sur la désinformation, un fléau grandissant qui menace l'intégrité de l'information dans le secteur médiatique.
Le Manifeste de Maputo au centre des plénières
Une autre force de cette journée a été le Manifeste de Maputo. Un engagement à adopter, une perspective féministe sur la dette et le développement, visant à briser les asymétries de pouvoir qui marginalisent les femmes.
Il est important de noter que le Manifeste de Maputo 2024 a été présenté lors de la 4e Conférence africaine sur la dette et le développement (AfCoDD IV), tenue à Maputo, au Mozambique, du 28 au 30 août 2024.
Ce manifeste marque un tournant dans l'histoire de l'Afrique, notamment dans la lutte contre la crise de la dette qui touche de manière disproportionnée les femmes et les filles du continent. Il vise non seulement à créer un programme féministe sur la dette, mais aussi à déconstruire les déséquilibres de pouvoir, à défendre l'égalité des sexes et à promouvoir la justice sociale, tout en reliant directement la crise de la dette à ces luttes plus larges pour l'égalité des sexes et la justice sociale.
Alliant la responsabilité des médias à un exercice pratique, des travaux dirigés ont permis aux journalistes présents de revoir la construction de leurs informations, que ce soit en presse écrite ou en visuel, afin de mieux faire comprendre à leur public les véritables enjeux de la dette.
« Les journalistes doivent savoir adapter leur discours à toutes les couches sociales. Une femme rurale ne comprendra pas les enjeux de la dette de la même manière qu’une femme urbaine », a souligné l’honorable Litchfield-Tshabalala, insistant sur l’importance de l’accessibilité de l’information.
Cette journée d'Afrodad a permis de faire entendre des voix féminines puissantes et d’enrichir le débat sur l’impact de la dette sur les sociétés africaines. Les médias, acteurs clés du changement, ont un rôle crucial à jouer dans l'éveil des consciences et la transformation de la société pour une plus grande justice économique et sociale.
Il est sans doute important de noter que la deuxième journée s'est conclue dans une atmosphère festive, marquée par une soirée culturelle placée sous le signe du féminisme, qui a humanisé la question de la dette à travers un prisme féministe, mêlant poésie, chants et danse. C'est au rythme envoûtant de la musique sud-africaine que cette journée d'échange prit fin.