L'ancien Chief Executive du conseil de district de Grand-Port, Sheilendra Peerthum, a réagi aux nombreux cas de mauvaise gestion relevés dans le dernier rapport de l'Audit. Il met en exergue le non-respect des spécifications techniques et une définition insuffisante des périmètres des projets. Selon lui, la supervision aurait dû être assurée par un comité de pilotage. Cependant, les mécanismes instaurés par l'ancien gouvernement se sont avérés inefficaces en raison d'une gestion défaillante à plusieurs niveaux.
Parmi les dysfonctionnements signalés figure le placement de fonds excédentaires par certaines collectivités locales, notamment les conseils municipaux de Port-Louis et de Curepipe. Peerthum estime que le ministère de tutelle n'a pas assuré un suivi rigoureux des investissements. Il déplore également que la municipalité de Curepipe n'ait pas respecté la circulaire du 20 mai 2019, imposant le placement des fonds en bons du Trésor. En conséquence, une somme de Rs 55 millions déposée à la Silver Bank demeure irrécupérable. Peerthum souligne qu'une enquête approfondie est nécessaire pour identifier les responsabilités.
Autre point litigieux : la procédure d'acquisition de camions-bennes pour les collectivités locales, entamée il y a plus de cinq ans et toujours inachevée. Pourtant, le ministère concerné disposait de personnel qualifié, notamment un ingénieur mécanique. «Le marché aurait dû être annulé et relancé en raison du non-respect des spécifications.» Il regrette que, malgré l'avis de l'Attorney General, le ministère ait poursuivi les discussions avec le fournisseur, en contradiction avec la loi sur les marchés publics.
Le chantier du marché et du centre de transit de Mahébourg, lancé en 2019, reste inachevé. L'entreprise EDCC Ltd a abandonné le site en 2022, après avoir réalisé moins de la moitié des travaux. Un contrôleur des coûts et un conseiller en transactions ont relevé de nombreuses irrégularités. Peerthum précise : «En décembre 2022, sous ma direction, le conseil de district de Grand-Port avait décidé d'engager des poursuites et de saisir l'ICAC en raison de soupçons de pratiques irrégulières. Cependant, après mon transfert en février 2023, le suivi du dossier a été négligé. L'entreprise a engagé une procédure d'arbitrage, et le Conseil a finalement dû verser Rs 45 millions au lieu de récupérer des dommages-intérêts.»
Concernant la rénovation de l'Hôtel de ville de Curepipe, Peerthum dénonce une gestion chaotique, des erreurs de calcul et un manque de suivi. Les honoraires des consultants ont été augmentés de Rs 13 M, réglées sans contestation par le ministère suite à une décision arbitrale.