Depuis son entame par l'imposition des cendres, le mercredi 5 mars, le carême court déjà sa troisième semaine. Il en reste autant jusqu'à la grande semaine, la Semaine sainte. D'année en année, il s'offre comme un temps de conversion spirituelle et de renouveau, visant à se préparer à la fête de Pâques qui célèbre la résurrection du Christ, coeur de la foi chrétienne.
La phrase, « Convertissez-vous et croyez à l'Evangile », prononcée lors de l'imposition des cendres, le Mercredi des Cendres, n'est jamais anodine : il s'en faut ! Elle a une portée profonde et donne le ton à tout le temps du carême, qu'elle doit parcourir comme
une imagerie par résonance magnétique permettant ainsi de détecter avec précision tout ce qui ne va pas en nous en vue d'en guérir. En effet, tirée de Marc 1,15 où Jésus dit : « le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Convertissez-vous et croyez à l'Evangile » elle souligne l'importance de se tourner vers Dieu et de croire en la bonne nouvelle de la rédemption.
Se convertir, qu'est-ce à dire ? Se convertir c'est se détourner de toutes les fausses satisfactions, de tout ce qui est incapable de combler les désirs de notre coeur. Croire à l'Evangile, cela veut dire croire que Dieu tout-puissant s'est fait homme, qu'il est devenu visible, palpable, à notre portée. En somme, il s'agit de réaliser que seul Jésus-Christ, à la fois, cent pour cent Dieu et cent pour cent homme, nous permet de rencontrer Dieu et d'arriver ainsi au bonheur en plénitude. Pour ce faire, chaque fidèle est invité à faire de ces 40 jours, un temps :
· De réflexion et d'introspection : Les fidèles du Christ sont encouragés à examiner leur vie, à reconnaître leurs faiblesses et à chercher à améliorer leur relation avec Dieu et avec les autres.
· De découverte de l'Evangile comme Bonne Nouvelle : Evangile, selon sa racine grecque, en effet, désigne une bonne nouvelle. L'Evangile n'est donc pas un livre mais « un message joyeux ». Et croire à cette Bonne Nouvelle c'est prendre les initiatives qui s'imposent pour qu'advienne dans nos existences et dans nos sociétés, le Règne du Dieu de Paix, de Justice, de Bonheur. Enfin de compte, croire à la Bonne Nouvelle, c'est se tourner vers le Christ lumière et le suivre. En se mettant derrière le Christ qui appelle et qui se propose comme chemin pour la vie, nous réalisons ainsi la vocation à la conversion, c'est-à-dire entrer en relation avec le Christ Jésus, se laisser aimer par lui et porter son amour et sa vérité dans le monde.
· Engagement et action : Le carême est aussi une période pour renforcer les liens avec la communauté, par exemple en participant à des célébrations spéciales ou en s'impliquant davantage dans des projets communautaires. Concrètement les oeuvres de conversion peuvent se réaliser de diverses manières, comme par exemple :
- S'approcher du Sacrement de Réconciliation (Sacrement de la Pénitence ou Confession) et faire une bonne confession : claire, concise, concrète et complète.
- Dépasser les divisions par le pardon, et grandir dans l'esprit fraternel.
- Pratiquer les OEuvres de miséricorde, spirituelles et corporelles.
Néanmoins, l'Eglise n'impose aucun modèle. Le temps du carême est, pour le chrétien, un chemin d'engagement personnel. Chacun est libre de choisir comment vivre cette période et d'utiliser les moyens qui lui permettent de revenir à l'essentiel, c'est-à-dire de laisser tomber le superflu et de revitaliser sa relation à Dieu. Ce qui prévaut, c'est l'Esprit de conversion et de renouveau. Car le Carême est avant tout une période de conversion intérieure, où les fidèles sont invités à se recentrer sur leur foi et à laisser tomber le superflu pour se rapprocher de Dieu. C'est un temps pour réviser ses priorités et se préparer à la célébration de la résurrection de Jésus. De fait, le carême n'a de sens que par rapport à la Résurrection, clef de voûte de la foi chrétienne. C'est dire que notre « entrainement au combat spirituel » quarante jours durant a seulement pour but de nous associer au combat du Christ contre le mal pour avoir ainsi part à sa résurrection.
Il faut donc tenir bon jusqu'au bout. Car nul doute que les tentations au relâchement par rapport aux différents efforts entrepris, ne feront pas défaut. Cependant, si nous persévérons dans l'utilisation de ces armes de combat spirituel que sont la prière, la pénitence et le partage, nous en sortirons renforcés et transformés, car Pâques est la victoire du Christ sur le péché et la mort.
Persévérons donc dans :
- le jeûne pour purifier notre âme
- la prière pour fortifier notre esprit
- le partage, pour élargir notre coeur.
Ce faisant, ce carême nous rapprochera de Dieu et du prochain, gage d'un meilleur vivre-ensemble. Et Dieu sait, si nous en avons besoin aujourd'hui !