Ile Maurice: Des zombies sous l'influence du simik - L'île en plein BAD trip

Les ravages que provoquent les drogues chimiques à Maurice inquiètent, depuis des années, les travailleurs sociaux. Les organisations non gouvernementales et autres acteurs de terrain n'ont eu de cesse de tirer la sonnette d'alarme et d'alerter les autorités concernées. Néanmoins, la situation, hélas, est allée de mal en pis, au point que notre île arc-en-ciel a finalement créé une population de «zombies».

Victimes et coupés de la réalité, pour une dose à Rs 100, ils tombent de moto, font des crises en pleine rue, se collent au mur pour marcher, rampent, se déshabillent, hurlent, font des bruits d'animaux et acceptent de se tuer à petit feu... Au fil des années, le simik a gagné du terrain, les produits ont évolué, mais il y a eu peu de volonté de la part des différents gouvernements qui se sont succédé pour vraiment éradiquer le problème. Et la réalité, aussi triste soit-elle, fait peur et déclenche infine un enchaînement de maux au sein d'une société qui se veut saine et qui tente de se reconstruire.

La situation est tellement alarmante que de plus en plus d'experts et de professionnels se disent en faveur, urgente, de la légalisation du cannabis et d'un contrôle de sa culture, de sa vente et de sa distribution par l'État. Cela, pour aider à contrer la vente des drogues ravageuses qui sont si simples à trouver et peu chères sur le marché noir.

Plus encore, pour le psychologue et addictologue Kunal Naik, nous assistons à une stigmatisation, voire à une déshumanisation du problème car de plus en plus de personnes prennent plaisir à filmer les usagers de drogues qui sont en état de transe. Cela, non pas dans le but de sensibiliser, mais pour les exposer au public, avoir des vues et des likes, et se moquer d'eux. Selon lui, ces images devraient plutôt être envoyées aux parlementaires, par exemple, pour qu'ils prennent conscience qu'il y a un vrai problème. Nous espérons donc qu'ils les verront dans notre journal.

Kunal Naik va plus loin et précise qu'il s'agit de l'une des conséquences de la répression qui est presque une réponse mondiale lorsque l'on évoque la question du combat contre la drogue. C'est pourquoi il estime qu'il est impératif que l'État commence à se pencher sur la question de la légalisation de la gandia comme étant l'un des moyens pour contrer le marché des drogues chimiques, accompagnée d'un cadre légal approprié et strict et avec l'aide de pays amis qui l'ont déjà fait. «Met an plas enn komite avek bann dimounn konserne, ler deba inn fini, bizin koumans azir pou sov lavi bann dimounn.»

Pour Me Neelkanth Dulloo, il est temps que Maurice emboîte le pas aux autres pays qui ont franchi le cap concernant le cannabis car il est inconcevable d'assister sans agir à un tel drame humain et sociétal à Maurice. Il dénonce le fait que la gandia ait été diabolisée dans le pays et le sujet rendu tabou par ceux à qui son illégalité profite. D'un point de vue simple, il demande à qui veut répondre pourquoi, à titre d'exemple, l'alcool ou le tabac, dont les effets néfastes ont été largement prouvés par la science, n'ont pas jusqu'à présent été bannis de la vente ?

Selon l'homme de loi, qui refuse de mâcher ses mots sur un sujet aussi sensible, la réponse est simple : la question de la légalisation du cannabis ne repose pas sur les inquiétudes de la santé des consommateurs, mais plutôt sur la source de revenus qu'il engendre dans un pays ou sa consommation est interdite. Il plaide, ainsi, ouvertement pour la légalisation de cet «or vert» non seulement à des fins récréatives mais, surtout, pour les besoins médicinaux en insistant sur le fait que les décideurs de notre pays doivent vite comprendre et réaliser l'ampleur économique et sociale que cela engendrera.

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