Le ministre de l'Intégration sociale, de la sécurité sociale et de la solidarité nationale, Ashok Subron, a répondu aux questions du député Dr Farhad Aumeer sur l'état des pensions d'invalidité à Maurice, au Parlement mardi. Selon les chiffres communiqués par le ministre, entre juillet 2021 et mars 2025, 16 134 pensions d'invalidité ont été supprimées après réévaluation par le Conseil médical. De plus, 335 pensions ont été suspendues en raison de fraudes, de non-encaissements répétés ou d'autres irrégularités. Par ailleurs, 29 013 demandes de pension d'invalidité ont été rejetées sur la même période.
Ces statistiques traduisent un durcissement des conditions d'attribution de ces aides, qui suscite de nombreuses critiques. De nombreux bénéficiaires doivent refaire une demande après l'expiration de leur pension, un processus souvent complexe et décourageant. Le ministre a reconnu que la majorité des pensions sont accordées pour une durée d'un an seulement, forçant ainsi les bénéficiaires à passer par des renouvellements successifs. Cette situation entraîne une insécurité financière pour les personnes concernées et leurs familles.
Une réforme nécessaire et attendue
Face à ces constats, le ministre Subron a annoncé une refonte du système actuel afin de le rendre plus juste et plus efficace. Plusieurs propositions ont été mises sur la table. Une refonte des critères d'éligibilité qui, jusqu'à présent, reposent uniquement sur un taux d'incapacité de 60 %, critère jugé trop restrictif. Le ministre a suggéré une approche plus globale qui tiendrait compte de la capacité réelle des demandeurs à effectuer des tâches quotidiennes telles que se nourrir, se déplacer ou encore travailler.
Pour une amélioration du fonctionnement du Conseil médical chargé des évaluations, il est envisagé que ce dernier ait accès aux dossiers médicaux complets des patients afin de garantir une évaluation plus précise et mieux documentée. Par ailleurs, la possibilité d'intégrer des représentants d'associations de défense des personnes handicapées au sein du processus d'évaluation est actuellement à l'étude.
Le ministre a également évoqué la mise en place d'un système de pension progressive inspiré de modèles européens, qui tiendrait compte non seulement du taux d'incapacité mais aussi des besoins spécifiques de chaque individu et des coûts supplémentaires qu'implique leur situation. Par ailleurs, un processus de consultation publique, du 18 mars au 10 avril, est en cours afin de recueillir les recommandations des citoyens et des associations spécialisées. Cette initiative vise à inclure davantage les personnes concernées dans l'élaboration des nouvelles mesures.
Le député Aumeer a aussi proposé l'introduction d'un système de barème progressif pour l'attribution de la pension d'invalidité afin de pallier les insuffisances du modèle actuel basé sur un seuil fixe de 60 % d'incapacité. Ce système permettrait une évaluation plus nuancée des cas en prenant en compte différents niveaux de handicap, plutôt que d'imposer une distinction binaire entre éligibilité et inéligibilité.