Contrairement à ce qu'affirme le président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, dans l'entretien qu'il a accordé à RFI et France 24 mardi 25 mars, Me François Zimeray estime que l'épouse et le fils de l'ancien président du Gabon renversé par un coup d'État le 30 août 2023 ont été victimes d'actes de torture. Il soutient également avoir vu les stigmates des sévices qui leurs ont été infligés et avoir saisi la justice française à ce propos.
Trois jours après l'entretien accordé mardi 25 mars par Brice Oligui Nguema, le président de la transition gabonaise, à RFI et France 24, les avocats de la famille Bongo ont tenu à réagir aux propos qu'il a tenus alors concernant Sylvia et Noureddin Bongo, détenus depuis le coup d'État du 30 août 2023.
Dans le cadre de cet interview, Brice Oligui Nguema a notamment déclaré que l'épouse et le fils de l'ancien président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, n'avaient pas été torturés durant leur incarcération et qu'un procès aurait lieu au terme de l'enquête sur la base des éléments que la justice a recueillis contre eux.
Des propos contre lesquels Me François Zimeray, l'un de leurs avocats, s'inscrit en faux : pour lui, en effet, ses clients sont non seulement détenus hors de tout cadre légal, mais ils ont en plus été victimes d'actes de torture dont il a lui-même vu les stigmates physiques et mentaux et pour lesquels il a saisi la justice en France.
« Je l'affirme : oui, Sylvia et Noureddin Bongo ont été torturés »
« J'ai souvent rencontré des victimes, j'ai vu des choses difficiles, mais j'ai rarement été bouleversé comme je l'ai été lorsque j'ai vu Sylvia et Noureddin Bongo et je l'affirme : oui, l'un et l'autre ont été torturés dans des conditions que je ne vais pas détailler pour ne pas porter atteinte à leur intimité et à leur dignité, mais je l'ai vu de mes propres yeux et je sais reconnaître quelqu'un qui est traumatisé. Les récits sont concordants. Il se trouve aussi qu'il y a eu des témoignages : nous avons un dossier qui est extrêmement solide », affirme ainsi celui-ci avant de poursuivre : « Ces tortures avaient pour objectif d'obtenir d'eux le transfert de la totalité de leurs biens auprès de proches du régime : leurs comptes ont été vidés, les villas qu'ils possédaient, les biens immobiliers qui appartenaient à Sylvia Bongo avant son mariage ont été réattribués au président Oligui [Nguema] ou à des proches ».
Et Me François Zimeray de dénoncer ensuite une nouvelle fois les conditions dans lesquelles Sylvia et Noureddin Bongo sont détenus : « Ils sont dans un deuxième sous-sol sans voir le jour depuis 18 mois, dans des conditions épouvantables », déclare-t-il.
À propos d'Ali Bongo, Me Zimeray dément par ailleurs que l'ancien président gabonais soit libre de ses mouvements - comme l'a pourtant dit le président de la transition - et évoque une assignation à résidence de fait.