Afrique: Déforestation dans le continent - Comment un conte pour enfants aide à sensibiliser les jeunes

En 2020, Arnaud Wust transforme un conte écrit pour sa fille en un projet éducatif ambitieux. À travers l'association Xam Xam, il sensibilise les écoliers au Sénégal et en Côte d'Ivoire à la reforestation. En quatre ans, près de 30 000 enfants ont été sensibilisés, plantant des arbres pour préserver leur environnement et lutter contre la déforestation.

C'est en 2020 que l'histoire commence pour Arnaud Wust. Journaliste depuis 30 ans, cet amoureux du continent africain épouse très vite la cause de l'écologie, surtout « la reforestation et le sauvetage d'espèces protégées », explique-t-il. Lors du confinement de mars 2020 en France, lui vient l'idée d'écrire un conte avec son fils dessinateur pour faire un cadeau à sa fille Esther. Ce qui devait rester entre les mains d'un cercle de proches va finalement devenir la graine qui donnera lieu à un grand arbre : l'association Xam Xam.

« Tout le monde m'a dit "Toi qui est depuis 20 ans dans l'action pour la protection de l'environnement au Sénégal, pourquoi tu n'en ferais pas un projet ?" Et c'est comme ça que l'histoire a commencé », raconte le journaliste. Très vite, l'association Xam Xam (qui signifie « partage de savoir » en wolof, une des langues du Sénégal) prend de l'ampleur. « Il y avait un vrai besoin, comme partout en Afrique et dans le monde, de sensibiliser les enfants et les écoliers en particulier, à devenir des acteurs du reboisement pour préserver notre monde en commun. »

Le conte pour enfant Esther et Madiba sauvent leur forêt devient le terreau de cette belle aventure. Actifs au Sénégal et en Côte d'Ivoire, le principe est simple : lors de missions d'une dizaine de jours, Arnaud et d'autres bénévoles visitent une à deux écoles par jour. Ils racontent l'histoire du conte, le donnent à des enfants, font des quiz pour rendre l'intervention ludique et sensibilisent les enfants en plantant des arbres dans chaque école. « On a planté près de 800 arbres depuis le début de notre projet. »

Apprendre aux enfants l'importance du reboisement en Afrique

Sana Sabaly, pépiniériste sénégalais, rencontre Arnaud en 2022 alors que ce dernier était venu chercher des plantes à la pépinière pour sa mission. Le projet lui tient à coeur et il rejoint l'aventure. « Sana apprend aux enfants à faire du compost, à faire de l'ensemencement d'arbres, les écoliers repartent avec une graine d'arbre à planter chez eux », explique Arnaud Wust.

Le jeune homme est originaire de la région de Tambacounda, à l'est du Sénégal, connue pour ses nombreuses forêts. « On assiste à beaucoup de coupes de bois, ce qui a tué la verdure de cette région qui était un foyer de beaucoup d'espèces végétales », raconte Sana.

La priorité pour cette petite association est alors de mettre en lumière les dangers de la déforestation pour les générations futures. « S'ils captent le message, ils seront conscients des dégâts et chercheront comment trouver des solutions pour lutter contre cela », explique le pépiniériste.

Dans ces deux pays, les causes de la déforestation sont multifactorielles. En Côte d'Ivoire, l'importante production de cacao, de caoutchouc et d'huile de palme participe à cette catastrophe environnementale. Même s'il y a beaucoup d'arbres « les enfants ne se rendent pas compte que c'est de la monoculture », d'après Arnaud Wust. « Personne n'a jamais expliqué aux populations dans les villages reculés que si on coupait des arbres massivement sans les replanter, il y avait un cercle vicieux de déforestation. Mais aujourd'hui, les enfants comprennent.» Car la philosophie de Xam Xam est de ce rendre dans ces endroits reculés et des écoles qui n'ont pas forcément accès à des bibliothèques, où la lecture est difficile.

« Je ne m'attendais pas à un tel impact »

En plus de quatre ans, l'association Xam Xam a déjà visité plus de 100 établissements scolaires et sensibilisé près de 30 000 enfants. « Je suis toujours ému parce que je ne m'attendais pas à un tel impact », confesse Arnaud Wust. « On a laissé une super belle empreinte. Il m'est arrivé de repasser par une école et les enfants avaient tous le conte dans le cartable. Ils se rappelaient tous de l'histoire, des personnages, de la chanson qu'on chante ensemble. Un enseignant me disait récemment que les enfants se battent pour arroser les arbres qu'on a plantés avec eux. »

En 2024, Xam Xam se rend à l'école primaire Saint-Charbel-Makhlouf, à 20 km à l'est de Mbour. Soeur Marie-Madeleine Diémé, directrice de l'école, se souvient de la joie de ses élèves qui ont « la responsabilité de prendre soin de son arbre chaque jour. » Malheureusement, un problème de taille se pose : le manque d'eau. « Pour le moment, la responsabilité d'arroser les arbres revient au gardien de l'école », regrette Marie-Madeleine. En effet, certaines écoles n'ont pas accès à l'eau. « Certains enfants doivent amener l'eau depuis leur maison en allant en classe le matin », témoigne Arnaud Wust.

Un projet 100% dédié aux enfants et à l'environnement

Aujourd'hui, ce sont principalement les établissements scolaires qui contactent Xam Xam, preuve que le bouche-à-oreille fonctionne bien. Pour autant, elle n'en reste pas moins une petite association, dépendante de mécènes et de dons de particuliers ou d'entreprises.

« Depuis 2024, les donateurs peuvent déduire cela de leurs impôts puisqu'on est une association de loi 1901 d'intérêt général. Souvent, c'est vraiment le financement qui amène le projet. On aimerait en faire plus, mais voilà, on est un peu limité encore aujourd'hui sur les financements », explique Arnaud Wust.

Aujourd'hui, tout l'argent récolté par dans le projet sans aucun frais de fonctionnement. « On ne touche aucun droit d'auteur. C'est un conte que nous éditons, que nous autofinançons et que nous donnons », raconte le journaliste qui espère, à terme, développer des partenariats avec d'autres pays pour continuer de faire grandir l'arbre de l'espoir.

Si vous souhaitez vous procurer un exemplaire d'Esther et Madiba sauvent leur forêt, le conte est en vente sur le site de Xam Xam au prix de 10 euros. Chaque exemplaire vendu permet de réimprimer quatre exemplaires pour les écoliers.

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