Il y a dix ans, un secret lugubre planait sur la famille Teeroovengadum, résidant à Mont-Roches. Lorsque la vérité a éclaté au grand jour, c'est une affaire choquante de séquestration qui avait ébranlé les Mauriciens. Deux jeunes hommes, Yovam et Kevin, vivaient un calvaire derrière les murs de leur maison familiale. Leurs propres parents, Satiaven, fonctionnaire, et Batmavadee, femme au foyer, les avaient retenus prisonniers dans des conditions insalubres et inhumaines. Dix ans après ces révélations, nous avons tenté de savoir ce que sont devenus Kevin et Yovam.
Ils vivaient dans une bâtisse délabrée aux vitres brisées et aux murs devenus noir et qui suscitait la méfiance des voisins, qui qualifiaient ses habitants de «bizarres». Une odeur nauséabonde s'en dégageait et des cris y résonnaient en journée. Ceux qui avaient eu un aperçu de l'existence des deux jeunes hommes affirmaient les avoir vus attachés à des chaises, nus, entourés de chiens et de chats. Une jeune fille, témoin de leur calvaire, se souvenait avoir vu un homme nu, aux cheveux longs et aux ongles noircis, agrippé aux barreaux d'une fenêtre, comme s'il appelait à l'aide.
Malgré plusieurs dépositions des voisins à la police et des alertes à la Child Development Unit, aucune intervention décisive n'avait eu lieu avant l'irruption des autorités dans la maison. C'est un incendie, survenu en l'absence de la mère, qui avait permis de confirmer les soupçons : des témoins avaient vu les jeunes hommes attachés et en détresse. Pourtant, les parents réfutaient toutes les accusations, prétendant que leurs enfants étaient malades et suivis par un psychiatre.
L'affaire avait pris une tournure judiciaire le 1er avril 2015, soit quelques jours après la parution d'un article dans l'express du samedi 28 mars 2015. La police avait enfin pu intervenir avec un mandat. Ce qu'ils avaient découvert à l'intérieur était une scène d'horreur : une pièce lugubre où était attaché Yovam, alors âgé de 20 ans, squelettique et visiblement affamé. Il était tellement faible que le policier affecté alors au poste de police de Résidence Barkly, le caporal Anthony Mungroo, avait dû le porter jusqu'au fourgon. Il n'avait prononcé que trois mots en quittant la maison : «Merci, merci, merci.» Son frère, Kevin, 25 ans, était prostré dans un coin dans une autre pièce tout aussi insalubre, semblant complètement traumatisé.
L'arrestation des parents a finalement eu lieu et une charge provisoire de séquestration a été retenue contre eux. Satiaven a été placé en garde à vue au poste de police de Rose-Hill, tandis que Batmavadee a été détenue à Sodnac. Les frères, quant à eux, ont été admis à l'hôpital psychiatrique de Brown-Sequard. Lors du procès, un psychiatre a déclaré que Yovam et Kevin souffraient de graves troubles psychologiques et de malnutrition.
Après leur hospitalisation, Kevin et Yovam ont fait de nombreux allers-retours à l'hôpital psychiatrique. Kevin, aujourd'hui âgé de 35 ans, est relativement stable, tandis que Yovam, dont la récupération a été plus lente, nécessite encore un suivi médical régulier. Le tribunal avait initialement confié leur garde à des services spécialisés, mais en octobre 2015, la cour a redonné la garde des frères à leurs parents, sous surveillance des agents de probation.
Depuis, la famille a quitté Mont-Roches pour s'installer dans une autre région des Plaines-Wilhems. Selon un proche, les parents, profondément marqués par cette affaire, ont tenté de se reprendre et veillent aujourd'hui au bien-être de leurs enfants. «Zot sagrin seki finn arive, zot okip zot zanfan bien aster», explique-t-il. Toutefois, les parents sont restés très renfermés sur eux-mêmes et n'ont plus de contact avec la plupart des membres de la famille. Selon nos sources, les deux frères ont été transférés dans un home il y a quelques mois et ils se portent bien.