Ile Maurice: Une technologie obsolète en attente de remplacement

Depuis plusieurs années, le National Coast Guard (NCG) de Maurice s'appuie sur le Coastal Surveillance Radar System (CSRS) pour assurer la surveillance maritime et prévenir les activités illégales telles que la pêche clandestine et le trafic de drogue dans les eaux territoriales de l'île. Cependant, le rapport de l'audit 2023-2024 met en lumière l'obsolescence de ce système, compromettant la sécurité maritime et environnementale de Maurice.

Un système en fin de vie

Installé en mars 2011, le CSRS repose sur un réseau de stations radar implantées sur le territoire mauricien et dans ses îles extérieures. Un centre de commande est situé aux Salines, avec cinq stations radar principales à Grand-Gaube, Albion, Le Morne, Gris-Gris et Pointe-du-Diable.

Trois autres stations sont installées à Rodrigues, Agaléga et Saint-Brandon, en plus de cinq stations autonomes du système d'identification automatique (AIS). Malgré son importance, le système a été déclaré obsolète par le fabricant d'origine, en janvier 2020. Ce dernier a cessé la maintenance en avril 2022, invoquant une pénurie de pièces de rechange. Depuis, aucune nouvelle maintenance n'a été effectuée, aggravant la vulnérabilité du dispositif face aux risques environnementaux et criminels.

Les conséquences d'un système obsolète

L'absence de maintenance et de renouvellement du CSRS a entraîné des défaillances majeures. Le centre de commande des Salines dispose de deux écrans de surveillance appelés Common Operational Picture Displays (COPDs), permettant de visualiser, en temps réel, les données des stations radar. Toutefois, en octobre 2024, ces deux écrans étaient hors service, rendant impossible l'affichage global des informations.

Par ailleurs, les stations radar des îles extérieures sont dans un état critique :

La station de Saint-Brandon est hors service depuis septembre 2020 et déclarée irréparable en avril 2022.

La station d'Agalega ne fonctionne plus depuis décembre 2023, faute de pièces de rechange.

La tour radar de Rodrigues est fortement corrodée sur une hauteur de 20 mètres.

Ces dysfonctionnements sont attribués à une absence de planification pour la maintenance préventive et le remplacement des équipements.

Projet de remplacement en cours

Après la catastrophe du vraquier MV Wakashio en août 2020, la Japan International Cooperation Agency (JICA) a mené une étude pour identifier les améliorations nécessaires en matière de sécurité maritime à Maurice. Suite à cette évaluation, le gouvernement japonais a décidé de financer un nouveau CSRS. Deux accords ont été signés entre Maurice et Crown Agents Japan Ltd (CAJL), les 16 juin et 5 novembre 2021, prévoyant un financement de 1,2 milliard de yens japonais.

Une étude approfondie a été réalisée en juin 2022, aboutissant à un rapport final en novembre de la même année. Suite à cette étude, une subvention supplémentaire de 300 millions de yens a été accordée en mars 2023 pour compléter le projet. Le contrat pour la mise en place du nouveau système a été signé le 13 décembre 2024 avec une entreprise japonaise. La durée prévue pour l'implémentation est de deux ans, avec une finalisation attendue pour août 2026.

Suivi insuffisant

En attendant l'entrée en fonction du nouveau système, des mesures temporaires sont nécessaires pour limiter les risques de surveillance maritime. Le rapport préconise la réparation des équipements défectueux, notamment les écrans de commande et les stations radar encore récupérables. Toutefois, les autorités ont choisi de ne pas investir dans ces réparations, arguant de leurs coûts élevés et du délai de mise en place du nouveau système. Cela signifie que jusqu'en 2026, le pays devra composer avec un système de surveillance maritime largement inefficace, exposant ses eaux à des menaces potentielles.

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