Au Kenya, un slogan est source de controverses. Le chant « Ruto must go », appelant à la démission du président William Ruto, est né lors des manifestations anti-gouvernementales en 2024. Mais il continue à être scandé dans des bars et rassemblements. C'était le cas notamment lors d'un match de football à Nairobi le dimanche 23 mars. Un slogan pointé du doigt ce jeudi 27 mars par le chef d'état-major des armées qui a mis en garde contre un risque « d'anarchie ». Depuis, les propos du militaire ont été commentés en masse et la polémique enfle.
« Intimider les kényans ». C'est le titre du quotidien The Standard qui rapporte les propos du chef d'état-major des armées. Des propos qui ont provoqué la colère des Kényans sur les réseaux sociaux. Le hashtag #Rutomustgo a été propulsé en tendance sur X, demandant la démission du président en exercice.
Ne pas « déchirer le pays »
Le chef d'état-major des armées avait souligné qu'un tel « départ » devrait se faire conformément à la Constitution. Il a appelé les Kényans à exercer leurs droits en respectant certaines limites, afin « de ne pas aller jusqu'à déchirer le pays ».
La Commission kényane des droits humains dénonce « une attaque flagrante » contre les droits constitutionnels, la liberté d'expression notamment. L'opposante Martha Karua, elle, juge « perturbant » de voir le chef d'état-major des armées commenter un débat politique. Selon elle, les appels « Ruto must go » sont l'expression de l'opinion de la population et doivent être pris en compte.
Slogan désormais courant
Depuis les manifestations de 2024, le slogan est devenu courant dans beaucoup de rassemblements, même sportifs et culturels. L'analyste politique Dismas Mokua y voit une illustration du ressentiment général qu'éprouve la population à l'égard de la classe politique du Kenya. Une colère face à la crise économique qui perdure et un sentiment de promesses non tenues.