L'avocat Akil Bissessur avait formulé de graves allégations contre le surintendant de police Ashik Jagai et la défunte Special Striking Team (SST), après son arrestation à Palma en 2022. Ce jour-là, la SST, qui a désormais été démantelée après les élections de novembre 2024, avait fait irruption chez sa compagne, Doomila Moheeputh, à Palma et avait procédé à l'arrestation du couple. Selon la SST, de la drogue synthétique d'une valeur marchande de Rs 260 000 avait été saisie. L'affaire a ensuite été rayée en 2023 par la cour de Bambous.
Dans sa décision, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, tout en précisant qu'elle ne faisait pas le procès des enquêteurs, avait décrit les insuffisances de l'enquête policière. Selon la magistrate, le fait que les enquêteurs n'aient pas jugé important d'enquêter sur la défense avancée par Me Akil Bissessur selon laquelle la drogue retrouvée chez lui avait été «plantée» soulève de sérieuses interrogations quant à l'impartialité de la police. Les résultats du Forensic Science Laboratory (FSL) avaient conclu qu'il n'y avait ni l'ADN ni les empreintes de l'avocat sur la drogue saisie. Me Akil Bissessur avait nié tout trafic de drogue et avait expliqué que son arrestation était «politically motivated», étant un opposant du gouvernement de l'époque.
Le dossier d'Akil Bissessur a été transmis à l'Independent Police Complaints Commission (IPCC), qui a demandé à l'avocat s'il souhaitait faire une déclaration pour confirmer ses dires précédents. Ce que l'avocat a fait le vendredi 28 mars. Il a relaté aux enquêteurs de l'IPCC qu'il avait été victime d'une vendetta politique et que le jour de la perquisition, un officier de la SST avait pour tâche de mettre la main sur le dossier de son client, Rigg Singh Needroo, qui était poursuivi devant la cour intermédiaire pour avoir écrit un message à caractère offensant au préjudice de Kobita Jugnauth. L'affaire a ensuite été rayée.
Selon Me Akil Bissessur, lors de la perquisition dans son appartement à Palma, l'officier lui aurait lancé : «Donn mwa sa dosie case Rigg Singh Needroo sinon nou met ladrog ankor ar twa-la.» D'après l'avocat, ce dossier contenait des informations privilégiées et confidentielles. Akil Bissessur est aussi revenu sur les propos de l'ex-Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors d'un congrès à Rose-Hill, où il avait déclaré à l'assistance : «Misie Akil Bissessur li ti lor nou radar.» L'IPCC transmettra la déclaration d'Akil Bissessur au bureau du Directeur des poursuites publiques pour décider de la marche à suivre.
En décembre dernier, le député Farhad Aumeer avait interrogé le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, sur des «interventions à haut niveau» visant à influencer les résultats d'analyse du FSL dans les cas de Bruneau Laurette et d'Akil Bissessur. Réagissant à ces accusations, Navin Ramgoolam avait admis avoir été informé de la situation et a promis une enquête approfondie. Le chef du gouvernement avait aussi dénoncé les défaillances chroniques du FSL.