En RDC, près de la moitié des femmes mariées participent à la prise des décisions au sein de leurs ménages, selon une enquête démographique et de santé publiée par l'Institut national des statistiques (INS). La question fait débat aujourd'hui, notamment à Lubumbashi, dans le sud du pays. Tout en reconnaissant des avancées dans la lutte pour les droits des femmes, certaines féministes jugent ces chiffres élevés par rapport à la réalité.
Selon l'Institut national des statistiques (INS) de RDC, 48% des femmes prennent part à la prise d'au moins trois types de décisions dans leurs foyers : celles sur les visites familiales, celles sur les achats de la maison, ainsi que celles sur leur santé.
Mais pour Miriam, une employée dans un établissement public, ce n'est pas le cas : l'homme prend toutes les décisions. « Même si vous vous accordez sur quelque chose, il va s'imposer et par la suite, il va faire ce qu'il veut », déplore-t-elle.
Agée d'une quarantaine d'années, Charlotte, elle, est encore ancrée dans la coutume. L'homme a tous les droits, dit-elle : « Le papa décide seul, il est à la tête de la famille. Moi, je participe à la discussion lorsqu'il s'agit de la restauration ou encore de petits déplacements des enfants. »
« Le chemin est encore long »
Maitre Sylvie Nkolomoni, avocate au barreau de Lubumbashi, juge, elle aussi, les chiffre de l'INS supérieurs à la réalité, car la plupart des femmes mariées vivent encore, selon elle, sous l'emprise de leurs époux. « Sur 10 femmes que j'ai rencontrées, toutes m'ont déclaré qu'elles ne se sentent pas considérées comme partenaires dans la prise de décisions au sein de leurs ménages », affirme-t-elle.
Toutefois, l'INS indique que les données varient d'une province à une autre. La lutte pour les droits des femmes en RDC connait des avancées ces dernières décennies mais les défis à relever sont encore nombreux, estime ainsi, pour sa part, Bernadette Kapend, présidente du Réseau des femmes pour le développement : « Il y a des avancées dans cette lutte grâce au travail de sensibilisation et d'encadrement des ménages. Et grâce au nouveau code de la famille où l'expertise de plusieurs femmes a été mise à contribution pour éradiquer les discriminations qui existaient dans l'ancien code. Le nouveau code, lui, accorde beaucoup d'importance à la femme. Mais le chemin est encore long. Beaucoup de femmes ne savent pas définir leur responsabilité dans la gestion du ménage. En plus, nous savons que les us et coutumes créent un autre type de femmes. Lorsqu'on est éduquée à la soumission au sein du ménage, la participation à la prise des décisions devient difficile. »