Au Soudan, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti, a reconnu, dimanche 30 mars, avoir perdu le contrôle de la capitale, Khartoum, reprise par l'armée jeudi dernier. Un revers qui ne l'empêche pas d'assurer que ses troupes reviendront avec « une détermination plus forte » et de rejeter toute idée de négociations, comme l'a fait également son rival, le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane. Plus que jamais, les deux hommes semblent irréconciliables.
Pour le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti, il est tout simplement hors de question de se mettre autour d'une table pour négocier avec son rival, le chef de l'armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhane. « Nous n'avons ni accord, ni discussion avec [l'armée], seulement le langage des armes », a-t-il ainsi affirmé tout en reconnaissant aussi pour la première fois que ses troupes s'étaient « repositionnées » en dehors de Khartoum - un euphémisme pour signifier qu'elles ont perdu le contrôle de la capitale soudanaise.
Dans un discours adressé à ses troupes et relayé sur les réseaux sociaux dimanche 30 mars, Hemedti interpelle ainsi « tous ceux qui pensent qu'il y a des négociations ou des accords en cours » avec l'armée, affirmant qu'ils se « trompent ». Des propos qui font écho, presque mot pour mot, aux déclarations tout aussi belliqueuses du camp adverse : après avoir revendiqué « le contrôle total » de Khartoum dès jeudi 27 mars, le général Abdel Fattah al-Burhane a aussi estimé, dans la soirée du samedi 29 mars, que la guerre ne pourrait en effet s'achever que si les FSR « dépos[aient] les armes ».
Pour Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris, ces déclarations laissent penser que « le scénario le plus réaliste à l'heure actuelle reste celui de la guerre », alors que dans le même temps, les alternatives diplomatiques semblent bien minces. « J'ai tendance à penser que, dans les semaines qui viennent, le gouvernement soudanais a les capacités militaires pour lancer à la fois une offensive en vue de sécuriser le Kordofan - la région riveraine du Darfour -, renforcer son effort autour d'El-Fasher [la capitale du Darfour du Nord, NDLR] et pour fragiliser le Tchad afin de lui signifier que tout appui logistique aux FSR aurait des conséquences beaucoup plus importantes », analyse celui-ci.