Gabon: Une présidentielle sans véritable suspens ?

1 Avril 2025
analyse

Sur les huit candidats sur la ligne de départ de la campagne pour la présidentielle du 12 Avril 2025 figure le Président de la transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguéma, qui a troqué son uniforme pour le Costume, après avoir réussi son référendum pour la nouvelle constitution du Gabon sur un score quasi plébiscitaire de 91, 8% de « oui » en faveur du nouveau texte, avec un taux de participation de 53,54 %.

Il faut d’emblée rappeler que sur la liste des 23 candidats qui avait été soumise à la Commission nationale d'organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER) le 9 mars, date limite des dépôts de candidatures, une première liste de 4 candidats avait été proclamée par ladite commission. Il s’agit de celle du Général Brice Oligui Nguéma, de l'ancien Premier ministre Claude Bilie By Nze, de M. Stéphane Germain Iloko, médecin de profession, et de l’inspecteur des impôts Joseph Lapensée Essigone.

C’est suite au recours introduit par les 13 autres candidats recalés pour dossier incomplet ou dépassement de la limite d’âge…, que la Cour Constitutionnelle de Transition a validé quatre autres candidatures pour le scrutin du 12 avril 2025, notamment celles de Chaning Zénaba Gninga, la seule femme en lice, cheffe d’entreprise, d’Alain Simplice Boungouéré, un ingénieur en génie civil, d’Axel Stophène Ibinga, qui est patron d’une société d’investissement, et celle du Dr Thierry Yvon Michel Ngoma, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2023, qui avait été annulée et dont on connait la suite.

La particularité de cette élection présidentielle, au-delà du fait qu’elle n’enregistre qu’une seule candidature de femme, est qu’elle met en course des candidats qui ne se présentent sous la bannière d’aucun parti politique classique, alors que le candidat Oligui Nguéma ratisse large. À minima, ce sont tous des candidats indépendants, au mieux, ce sont des candidatures portées par des mouvements de soutien. Grosso modo, il y a trois lots de candidats: ceux issus des flancs de l’ancien Parti démocratique Gabonais (PDG) fondé par Omar Bongo, ceux issus du secteur privé, un troisième lot qui comprend des figures d’obédience de la «société civile».

Si l’on en juge par les premiers actes posés par les candidats dans la période préélectorale, on voit déjà une tendance à un regroupement autour de Brice Clotaire Oligui Nguéma avec les mouvements de soutien créés à travers le pays et qui pour la plupart sont d’obédience PDG, tout le contraire de ses challengers, dont le plus en vue, Alain-Claude Bilie By Nze, et son mouvement « Ensemble pour le Gabon » ont enregistré une défection de taille en la personne de Stéphane Germain Illoko, aujourd’hui candidat indépendant à la présidentielle du 12 Avril.

Au regard du jeu des forces en présence, des candidatures éclatées posent fatalement les jalons d’une victoire au premier tour de Oligui Nguéma. D’abord, le Président de la Transition dit avoir obtenu une «mise en disponibilité» du ministère des Forces armées du Gabon, qui lui permet, en vertu du nouveau code électoral, de prendre part à la campagne qui débute ce 29 mars, avec «la prime du sortant». Ensuite, le fichier électoral à la date du 07 mars, et avant les résultats de la révision exceptionnelle du 01 au 10 mars, faisait état de 924 182 électeurs; soit moins d’un million d’électeurs.

Enfin, la précampagne avant l’heure du candidat de la transition, visible à travers le pays, lui donne une longueur d’avance et laisse par ailleurs en suspens la date du second tour, les modalités de la campagne de ce second tour, même s’il est stipulé que le second tour a lieu 14 jours après la proclamation des résultats. Est-ce pour les gens du pouvoir de se rassurer que cette élection sera pliée dès le 1er tour? On en saura un peu plus dans 2 semaines au moins.

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