8 candidats pour un fauteuil. La campagne pour l'élection présidentielle du 12 avril prochain, bien qu'encore timide ne passe pas inaperçue. Ouverte le 29 mars dernier, elle à jeter dans l'arène, 8 personnalités plus ou moins connues des 846 000 électeurs gabonais.
Tous promettent la rupture d'avec les errements, l'immobilisme et la gabegie de la dynastie Bongo Odimba par le travail, la bonne gouvernance, le développement solidaire et l'unité nationale.
Mais des 8 candidats sur les 23 passés par le tamis de la commission électorale indépendante et le repêchage du Conseil constitutionnel, 3 retiennent l'attention des observateurs.
D'abord madame Zeneba Gninga Chaning, parce qu'elle est la seule femme à avoir eu l'audace d'être dans les startings blocks de cette présidentielle. Cheffe d'entreprise, elle a le mérite d'avoir osé. Elle donne la couleur du genre à cette compétition mais n'a rien à espérer d'autre dans cette présidentielle jouée d'avance.
Ensuite, la candidature du dernier Premier ministre d'Ali Bongo Odimba fait aussi relief. Plus d'un analyste estime qu'il est le challenger le plus sérieux du général Oligui Nguema, tombeur de la dynastie Bongo et président de la transition.
En effet, Claude Bilie By Nze, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est réputé bien connaître les rouages de l'Etat gabonais et pourrait hériter d'anciens relais dans l'administration publique, nostalgiques du clan Bongo Odimba et de l'ancien parti majoritaire, le parti démocratique gabonais (PDG). Pourtant, l'ancien Premier ministre annonce clairement ne revendiquer ni l'héritage du PDG, encore moins celui du clan Bongo.
Et on le comprend, la dynastie Odimba, en plus d'un demi-siècle de main mise sur le pays a plus de passif que d'acquis à défendre, mais sait-on jamais ? En mode vote sanction contre le tombeur des Bongo, des électeurs pourraient donner leurs suffrages à leur dernier Premier ministre.
Enfin, le général Oligui Nguema crève l'écran dans cette course à la magistrature suprême au Gabon. Il est incontestablement le favori de ce scrutin, lui qui passe pour un héros national, le candidat de l'armée et d'une nouvelle élite politique en voie d'émerger des ruines de la dynastie Bongo Odimba. De fait, l'ancien commandant de la garde républicaine, passe pour l'un des officiers le moins compromis du système Bongo qu'il a servi. Par ailleurs, en 18 mois de présidence, il a donné la preuve qu'il a rompu avec le clan Bongo Odimba et qu'il peut rassembler au-delà de l'armée.
Au demeurant, si aucun des 8 candidats à cette présidentielle n'a été désigné par un parti comme son porte-étendard, le général Oligui Nguema, lui, a le soutien d'un front politique, le Rassemblement des bâtisseurs du Gabon (RDB). Pourtant, il ne s'est déclaré candidat que le 5 mars dernier mais pour le lancement de sa campagne, c'est environ 40 000 Gabonais, réunis dans le plus grand stade du pays, qui l'ont adoubé comme leur champion. Le champion de la jeunesse et de l'action pour le développement, bien en forme, et qui le montre dans un saut de précision parachutiste dans un stade plein comme un oeuf, acclamant l'avènement du bâtisseur du nouveau Gabon.
C'est dire que le RDB et le général Oligui ont lancé leur campagne présidentielle sur des chapeaux de roue avec ce fort symbole signifiant que ce dernier survole les débats et ses concurrents. Au demeurant, a-t-on déjà vu sous nos tropiques "un président organiser une élection et la perdre" ? Dixit Omar Bongo Odimba. Encore moins un "héros national", qui s'est mis en disponibilité de l'armée pour poursuivre ses chantiers initiés à la suite d'un coup d'Etat. Oligui Nguema est donc bien parti pour survoler cette campagne et gagner cette élection haut les mains !