Trop beau pour être vrai. On a jubilé trop vite. L'illusion a été de courte durée. Les Tananariviens étaient un moment aux anges avec l'assainissement des rues par la CUA. On n'en croyait pas ses yeux. La capitale a retrouvé son allure des années 70 que l'on croyait à jamais révolue avec l'augmentation exponentielle du nombre de la population, du règne de l'anarchie et de l'indiscipline, du manque d'espace pour mettre tout le monde à sa place.
Et puis voilà, les marchands de rue ont montré à qui la CUA avait à faire. Ils ont occupé la rue sous les yeux bienveillants des Forces de l'ordre. Ils ont fait valoir des promesses électorales en échange de leur bulletin. Et ils ont gagné. Les marchands de rue vont pouvoir reprendre leur place à partir d'aujourd'hui après de longues négociations avec les responsables de la CUA. Des aménagements ont été exigés, mais ils n'ont pas cédé de terrain.
La CUA a dû faire des concessions face à la pression de la rue. L'intérêt des quelques milliers de marchands de rue a été privilégié à celui de quelques millions d'habitants de la ville. Prétendre que c'est grâce à leurs voix que le maire a été élu est pour le moins prétentieux. Mais croire à ce raisonnement et se plier devant leur pression est pour le moins inquiétant. Si on se laisse faire par une petite composante de la société, une population flottante qui plus est, on voit mal comment on peut gérer toute la ville.
Il faut dire que la décision de les dégager n'était pas mûrement réfléchie mais plutôt dictée par l'urgence, en l'occurrence la visite du président français Emmanuel Macron dans vingt-deux jours. La ville se refait une toilette à la hâte, comme c'est toujours le cas en pareille occasion.
La CUA n'avait pas de solution de rechange pour recaser ces marchands. De nouveaux marchés ont été construits à Behoririka et à Anosy mais la CUA s'est montrée incapable d'obliger les marchands à s'y intégrer. Un autre grand marché a été construit à Isotry en 2009 mais il sert d'entrepôt aux marchands de la Petite Vitesse. Il fallait faire preuve d'une poigne de fer pour mettre chacun à sa place. C'est le moment où jamais de se montrer intransigeant et inflexible. Les trottoirs et les rues ne sont pas faits pour les marchands. Il n'y a pas de débat à faire là-dessus. Il n'y a pas non plus d'argument valable pour justifier ce qui ne peut pas l'être. En tout cas, il n'y a pas que les marchands de rue dans la capitale pour qu'on se soumette à la loi du marché.