Comme on dit souvent, « même si ça tangue, le tango continue ». Tant bien que mal ! Après quelque six mois de tensions politiques et diplomatiques, les relations se sont manifestement réchauffées entre les deux Etats ces derniers temps.
Dans une interview avec des journalistes des médias publics retransmis par la télévision algérienne, le samedi 22 mars 2025, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait déjà tendu la main à Emmanuel Macron. Quelques jours après, les deux hommes se sont justement parlé au cours de ce qu'ils ont appelé un « long échange franc et amical », selon le communiqué conjoint publié à cette occasion. C'était le lundi 31 mars 2025 à la veille de l'Aïd el-fitr la fête musulmane qui clôt la période du ramadan. Comme si ce neuvième mois du calendrier islamique marqué par des actions de bienfaisance, de solidarité, de partage mais aussi de pardon y avait été pour quelque chose. Après les tensions le dégèle !
Même si les relations franco-algériennes sont passionnelles du fait de la colonisation de l'Algérie par le France, les brûlures de l'histoire, la guerre de libération, etc., de nombreuses crises sont venues ces derniers temps aggraver pour ainsi dire la situation. Il y a eu d'abord la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental. Ce qui a irrité au plus haut l'Algérie dont la politique étrangère se mesure à l'aune de la question du Sahara occidental. Sont venus se greffer à cette situation le refus de l'Algérie d'accueillir ses ressortissants frappés par les OQTF (ndlr : obligation de quitter le territoire français), le problème de visa, l'expulsion d'influenceurs algériens sans oublier l'épineuse affaire de Boualem Sansal du nom de cet écrivain franco-algérien emprisonné à Alger et qui vient d'être condamné à cinq ans de prison ferme le jeudi 27 mars 2025. Trop de nuages s'étaient donc amoncelés entre Alger et Paris au point qu'on a frôlé le point de rupture.
Fort heureusement la raison a prévalu de part et d'autre pour aboutir à cette décrispation. Plus de friture sur les lignes entre l'Elysée et El Mouradia dont les regards sont tournés vers l'avenir. La reprise de contact présidentiel marque une volonté d'apaisement, de « réconciliation » et de « refondation de la relation ».
D'ores et déjà le renforcement de la coopération sécuritaire et migratoire est à l'ordre du jour, la commission mixte des historiens sur la présence française en Algérie devrait reprendre sans délais dans l'optique de remettre les conclusions des travaux d'ici quelques mois aux deux chefs d'Etat. Plus rien ne s'oppose donc à la visite de Gérald Darmanin, ministre français de la Justice, à Alger où devrait se rendre également son collègue de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Un déplacement déjà fixé pour le dimanche 6 avril prochain. Chacune des parties a certainement mis un peu d'eau dans son vin pour permettre que cette nouvelle donne voit le jour.
Les relations sociales et économiques entre les deux pays sont tellement imbriquées qu'ils ne peuvent certainement se payer le luxe de se fâcher pendant longtemps. Pour autant, il serait naïf de croire que tout est devenu rose par le simple fait d'un coup de fil. On est tenté de dire Alger et Paris se rabibochent en attendant la prochaine poussée de fièvre.