Ouganda: Le pays annonce construire sa première raffinerie grâce à l'investissement émirati

Une usine de production (Illustration)

Kampala a signé le samedi 29 mars 2025 un accord avec l'investisseur émirati MBM Investments pour la construction d'une raffinerie pouvant produire 60 000 barils par jour à Hoima, dans l'ouest du pays. L'objectif affiché est de transformer le brut localement, créer des emplois et renforcer la souveraineté énergétique. Cependant, des voix s'élèvent sur le terrain. Plusieurs projets similaires ont échoué par le passé, ce qui suscite un scepticisme croissant face à cette nouvelle annonce.

« Désormais, l'Ouganda exportera des produits raffinés au lieu de les importer », a souligné le président Yoweri Museveni sur son compte X. Fini donc les exportations de matières premières brutes : place à des produits à haute valeur ajoutée.

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Accepter Gérer mes choix Le nouvel accord signé avec Alpha MBM Investments, une entreprise émirienne, prévoit donc une production de 60 000 barils par jour. C'est bien loin des 650 000 barils que produira la raffinerie de Dangote. Mais pour Kampala, l'enjeu est ailleurs : reprendre la main sur sa filière énergétique.

Un financement à 60 % privé

Le problème, cependant, réside dans le financement du projet. L'État ougandais ne finance que 40 % du projet, tandis que le reste appartient à l'investisseur émirati. Sur le terrain, le scepticisme persiste. « J'ai entendu tellement d'annonces sur la construction d'une raffinerie, puis les investisseurs se retirent, s'agace Diana Nabiruma, de l'Institut africain pour la gouvernance énergétique. Parfois, je me dis que tout cela sert à des fins électorales. On a des élections générales prévues début de l'année prochaine, et brandir la promesse d'une raffinerie, de création d'emplois, c'est toujours bon pour faire campagne. »

Depuis 15 ans, les accords s'enchaînent et tombent à l'eau : RT Global Resources de la Russie, SK de la Corée du Sud, le consortium Albertine des États-Unis et de l'Europe, tous ont quitté le navire.

Des enjeux de rentabilité

Selon les experts, la cause principale de ces échecs est un manque de rentabilité. Il serait difficile d'exploiter à la fois une raffinerie et l'oléoduc EACOP, préféré par TotalEnergies et ses partenaires. Comme EACOP, la raffinerie serait construite à Hoima, où 7 000 personnes ont été déplacées en 2009 pour un précédent projet jamais abouti. « Les habitants ont été déplacés de leurs terres fertiles et relogés dans un village du district de Hoima, sur des terres beaucoup moins fertiles, sans accès suffisant à l'eau », explique l'experte.

Si la raffinerie finit par voir le jour, elle se situerait à proximité de la réserve naturelle de Kabwoya, une zone riche en biodiversité, ce qui soulèverait de vives inquiétudes. Selon la compagnie pétrolière publique ougandaise UNOC, la construction de la raffinerie pourrait débuter d'ici à quatre ans.

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