Doha ne veut pas de bruits autour de la rencontre entre la délégation de Kinshasa et celle de l'AFC/M23. Ce, d'autant plus que ces contacts rentrent, cette semaine, dans la zone de fortes turbulences. Le coup d'envoi de cette phase des travaux serait donné par l'Emir lui-même. Cet émirat du golfe qui mise sur ses investissements en République démocratique du Congo et au Rwanda, joue son va-tout dans cette démarche de rétablissement de la paix. Tout a été mis en oeuvre afin d'éviter toutes interférences nuisibles. Maitre mot: la discrétion.
La recette a été exploitée avec succès lors de la rencontre Tshisekedi-Kagame autour de l'émir. Toutes les initiatives diplomatiques pour chercher à baisser la tension à l'Est de la RDC, ont fait flop alors que le Qatar est en passe de gagner le pari.
En attendant, Nairobi et Luanda semblent désormais subir Doha. Le médiateur désigné par l'Union africaine et présentement président en exercice de cette institution africaine, Joao Lourenço, a préféré jeter l'éponge. La relève africaine est assurée l'ancien président nigérian Olusegum Obassadjo, l'ancien chef d'Etat du Kenya, Uhuru Kenyatta et deux autres personnalités.
Le premier a eu à l'époque le mérite de conduire la médiation entre la partie congolaise et le CNDP de Laurent Nkunda avant de se muer au M23. Tandis que le second est parvenu à réunir tous les mouvements armés à Nairobi pour mettre fin aux hostilités. Le M23 s'y était soustrait exigeant un traitement à part. Pour dire que les deux démarches africaines étaient loin de mettre d'accord tous les protagonistes.
Dans la capitale du Qatar, les délégations ont d'abord été consultées séparément avant une première rencontre directe. Composées principalement de techniciens, elles incluent des experts en renseignement et des militaires, suggérant une approche méthodique plutôt que strictement politique.
En outre, le calendrier des négociations a également été perturbé par la fin du ramadan, ralentissant les discussions ces derniers jours. Toutefois, les observateurs estiment qu'un second round est prévu, avec des discussions qui aborderont enfin le fond du dossier.
Entre la délégation de Kinshasa et celle de l'AFC/M23, c'est la méfiance totale. Tout reste à jouer. Entre prudence et manoeuvres diplomatiques, ce dialogue sous haute tension pourrait aussi bien déboucher sur un tournant historique que sur une impasse de plus.
Ce premier round qui s'est achevé la semaine dernière, cède à un second round, cette fois consacré aux questions de fond.