La loi d'amnistie, votée en début mars 2024, avait fait l'objet de vives polémiques. Elle couvrait « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d'infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu'à l'étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non ».
Entre 2021 et 2024, des manifestations ont fait une soixantaine de morts, imputés notamment aux forces de défense et de sécurité. La situation avait été rendue d'autant plus explosive suite à la suspension unilatérale du président du processus d'élection présidentielle du 3 février 2024. Un scrutin a finalement été organisé le 24 mars 2024 et a connu la victoire du candidat de l'opposition Diomaye Faye. Cette loi d'amnistie avait donc été votée alors que Macky Sall passait ses dernières semaines au pouvoir.
Fort de sa majorité à l'époque, le texte avait été voté à une écrasante majorité, au grand dam de l'opposition, notamment du PASTEF (Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), qui, dès sa prise du pouvoir, avait promis d'y revenir. Mais en lieu et place de l'abrogation, il a été plutôt question de loi interprétative. En effet, la révision proposée par le PASTEF, aujourd'hui parti au pouvoir, vise à exclure certains crimes graves du champ d'application de l'amnistie.
Ainsi donc, les accusations d'assassinats, de meurtres, de tortures et de traitements inhumains, cruels ou dégradants ne bénéficieront plus de l'annulation des poursuites, même si ces actes ont été commis durant les manifestations entre 2021 et 2024.
La révision proposée par le PASTEF, parti au pouvoir, vise à exclure certains crimes graves du champ d'application de l'amnistie. Si le texte est adopté, les accusations d'assassinats, de meurtres, de tortures et de traitements inhumains, cruels ou dégradants ne bénéficieront plus de l'annulation des poursuites, même si ces actes ont été commis durant les manifestations entre 2021 et 2024.
Le hic est que si les auteurs de crimes graves peuvent être poursuivis, ceux responsables de dégâts matériels restent amnistiés. Certains redoutent que cette révision ne serve en réalité qu'à protéger les militants du parti au pouvoir. C'est comme si l'histoire se répétait donc : cette fois-ci, la contestation a changé de camp. La loi votée, elle ouvrira la porte aux victimes contre les présumés tueurs, sauf qu'il y a aussi des victimes dans le camp des forces de l'ordre, sans oublier les dégâts matériels provoqués par ceux que Sonko, l'actuel président de l'Assemblée nationale, avait envoyés aux barricades.
On a donc l'impression que d'un pouvoir à l'autre, on utilise les mêmes arguments, alors que la loi devrait être d'ordre intemporel et général. Malheureusement le constat est qu'on rend justice à une partie et il y aura toujours une sorte d'impunité pour les forts du moment. Mais que voulez-vous ! Ne dit-on pas que la démocratie est une dictature de la majorité ?