Sénégal: L'Assemblée adopte la révision d'une loi d'amnistie couvrant les violences politiques

La loi d'interprétation de l'amnistie a été adoptée à 126 voix pour à l'issue d'une journée marathon de débat qui a remis en lumière les profondes divisions de la société sénégalaise pour savoir comment juger de façon équitable cet épisode douloureux de 3 ans de violences politiques lors des manifestations de l'opposition et leur répression qui ont fait au moins 65 morts.

Dans une ambiance électrique et pendant plus de 8 heures, des députés du Pastef ont défilé à la tribune de l'Assemblée nationale sénégalaise pour dire l'importance de rendre justice aux trop nombreuses victimes des manifestations de l'opposition ces 3 dernières années.

Pour eux, compléter la loi d'amnistie pour en exclure les cas d'assassinats, de meurtres, de tortures et de traitement inhumains était la seule façon de lutter contre l'impunité. « Que ça ne se reproduise plus. C'est ça qui se joue aujourd'hui », a déclaré le chef du groupe parlementaire du Pastef, Ayib Daffe.

Et d'ajouter : « Cette interprétation permet d'apporter la lumière sur des faits particulièrement graves et permet aussi de rendre justice à ces victimes. Car on parle de plus de 85 morts, un bilan qui n'est d'ailleurs pas définitif car il n'y a jamais eu d'enquêtes ».

« Qui veulent-ils couvrir ? »

Désormais, des enquêtes vont pouvoir être ouvertes. Mais en face, les députés de l'opposition ont dénoncé une justice du vainqueur ou un deux poids, deux mesures, car les personnes qui ont commis des dégâts matériels, brûlés des bus ou autres resteront bénéficiaires de l'amnistie.

Ils accusent le parti au pouvoir, qui était à l'époque dans l'opposition, de vouloir protéger ses militants et les dirigeants actuels. « Ce qui est inacceptable, c'est d'essayer, au nom d'une graduation dans la douleur, de ne pas respecter la douleur et la souffrance des uns parce qu'il ne s'agit pas de crime de sang. Qui veulent-ils couvrir ? Celui qui a appelé les gens à manifester », tance le député de l'opposition, Thierno Alassane Sall.

Mais Aminata militante du Pastef, une sénégalaise vivant en France venue assister au débat à l'assemblée, comme une centaine d'autres personnes, n'est pas d'accord. Pour elle, personne n'est ciblé et la priorité est de juger les crimes et tous les auteurs. « On veut tout simplement que justice soit faite. Résoudre cette fracture, c'est ce qu'on est en train de faire. Une fois que justice sera faite, les gens seront capables de pardonner mais tant qu'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de pardon », avance-t-elle.

Dans l'immédiat, les plaintes de 65 familles de personnes tuées et celle d'une personne mutilée vont pouvoir être déposée devant la justice.

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