Burkina Faso: Le pays publie une liste de personnes recherchées incluant des jihadistes, journalistes et lanceurs d'alerte

Le service de sécurité burkinabé a publié mardi 1er avril une liste de 32 noms et portraits de personnes recherchées pour « association de malfaiteurs en relations avec une entreprise terroriste », comprenant des jihadistes mais aussi des journalistes ou des hommes politiques.

C'est sur sa page Facebook que le Ministère de la Sécurité a publié le 1er avril un trombinoscope estampillé « Avis de recherche ». Sur le document, on peut voir une liste de noms, accompagnés de photos, dans laquelle on retrouve pêle-mêle des terroristes mais aussi des journalistes et des politiques.

En tête de liste, figure le chef du groupe jihadiste Ansarul Islam (lié à Al-Qaïda), Jafar Dicko. Âgé de 50 ans, il est devenu la principale figure du jihadisme au Burkina, après la mort en 2017 de son frère et fondateur du groupe Malam Dicko. Ainsi, aux côtés du chef terroriste, il y a aussi le lanceur d'alerte Naïm Toure ou encore l'ancien maire de la ville de Dori, Ahmed Aziz Diallo.

Toutes ces personnes sont « des ennemis de l'intérieur ou de l'extérieur », affirme le chef du pouvoir militaire à Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré. « J'inviterai les gens à la vigilance, car aujourd'hui plus que jamais, les apatrides, les ennemis de la nation sont très actifs. Nous les attendons de pied ferme et nous serons impitoyables », a-t-il dit.

Parmi ceux que le chef de l'État suspecte de complot ou d'activité terroriste, le journaliste en exil et ancien président de la Commission électorale Ahmed Newton Barry. « L'objectif, c'est de nous diffamer au point de nous faire taire. Malheureusement, on aurait pu dire 'tartuffe' parce qu'on ne peut pas avoir aujourd'hui plus de 100 soldats tués, une dizaine de camps militaires investis par des terroristes et prétendre que tout va bien », estime-t-il.

« C'est une politique d'effets d'annonce, de fuite en avant », ajoute le journaliste qui est, selon lui, recherché par Ouagadougou pour masquer la situation de crise que traverse le pays alors que ces derniers jours, les attaques meurtrières contre des militaires et des arrestations de civils opposés au Capitaine Traoré se sont multipliées.

De son côté, Human Rights Watch a dénoncé la publication de cette liste qui s'inscrit « dans un climat de terreur instauré par la junte ».

Cette liste est une tentative de les intimider. C'est la dernière tentative de museler toute voix dissidente.

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