En Centrafrique, depuis mercredi 2 avril, les avocats observent une grève de huit jours en désertant les tribunaux. Cette action, initiée par le Conseil de l'Ordre des avocats, vise à dénoncer le non-respect des règles déontologiques de leur profession par certains Officiers de Police Judiciaire et autorités politiques. Déjà, cette mobilisation perturbe le fonctionnement du système judiciaire du pays.
Devant l'entrée du palais de Justice de Bangui, une dizaine d'avocats vêtus de toges noire avec un col blanc expriment dignement leur mécontentement. Ils ont déserté les tribunaux, boycottant les audiences. Empêchée par des officiers de police judiciaire de rencontrer ses clients placés en garde à vue à l'Office central de répression de banditisme (OCRB), Maître Arlette Sombo Dibélé dénonce une violation des droits de l'homme.
« Nous nous battons pour pouvoir défendre nos clients devant la barre. Mais nous n'y avons même pas accès ! On nous dit qu'ils sont interrogés, que les procès-verbaux sont déjà transmis au procureur, qui a requis l'ouverture d'une information. Comment plaider si nous ne suivons pas la procédure du début à la fin ? », s'indigne-t-elle.
Des conséquences pour les justiciables
Ce mécontentement entraîne le blocage des activités judiciaires. Le constat est alarmant pour Salomon dont le dossier en instruction est provisoirement suspendu. « Injustement arrêté pour détournement de fonds, mon frère est en prison, attendant l'issue des enquêtes. Je suis triste parce que les avocats ne travaillent pas, et le processus est suspendu pour une semaine. »
Face à cette situation, le Conseil de l'Ordre des avocats, réuni en assemblée extraordinaire, réclame le respect des droits de la défense. « Les avocats ont décidé de faire des sit-in tous les jours pour attirer l'attention de la plus haute autorité du pays. Mais pourquoi doit-on refuser de recevoir les avocats ? Et pourtant les avocats doivent contribuer à ce que la justice soit rendue », interpelle Jean Louis Opalagna, bâtonnier de l'Ordre des avocats de Centrafrique.
Selon une source au ministère de la Justice, une rencontre est prévue dans les prochains jours entre le Conseil de l'Ordre des avocats et le ministre d'État à la Justice.