Les vieux démons ne veulent manifestement pas lâcher la République démocratique du Congo (RDC). Les jours se suivent et se ressemblent dans ce pays d'Afrique centrale en proie à une interminable guerre dans sa partie Est.
La paix, que tout le monde appelle de ses voeux, demeure dans les discours. Les Congolais ne semblent pas prêts à enterrer la hache de guerre et à construire leur pays dans la quiétude. Les intérêts égoïstes sont plus forts que ceux du pays. Alors que l'armée congolaise peine à contenir le mouvement rebelle, M23, qui s'est emparée de plusieurs localités dans les provinces du Nord et du Sud, un ancien chef de guerre reprend du service. Thomas Lubanga, originaire de la province du Lituri dans le Nord-Est de la RDC, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a annoncé, depuis sa terre d'exil, l'Ouganda, la création d'un nouveau mouvement armé, la Convention pour la révolution populaire (CRP).
Son objectif : chasser le gouvernement congolais de l'Ituri. Les armes vont davantage crépiter dans cette région, qui connait des violences alimentées par des groupes armés depuis des décennies. Pas moins de 200 civils auraient perdu la vie dans l'Ituri depuis le début de l'année. Sans oublier les centaines de milliers de déplacés. Pendant que l'Est de la RDC vit une grave crise humanitaire à cause des combats, le Président Felix Tshisekedi va devoir ajouter le CRP de Thomas Lubanga sur la liste des agresseurs du pays.
Le chef de l'Etat congolais, qui n'a pas encore pris militairement le dessus sur le M23, a véritablement du pain sur la planche. Bien connu des Congolais, Thomas Lubanga avait été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) en 2012 à 14 ans de prison pour enrôlement d'enfants soldats. Libéré en 2020, l'ancien chef de guerre n'a pas tardé à avoir des soucis avec l'armée congolaise, qui l'accuse d'être de connivence avec la milice « Zaïre » et le M23.
Aussi, s'est-il vu contraint de s'exiler en 2024 pour l'Angola, d'où il entre une fois de plus en rébellion. Rien ne va véritablement en RDC, où le Président Tshisekedi fait face à une forte adversité. Les consultations pour la formation d'un gouvernement d'union, auquel il tient, piétinent, l'opposition n'y étant pas favorable. Le chef de l'Etat congolais compte pourtant sur cette initiative pour rassembler les forces à même de faire face au M23, soutenu par le Rwanda voisin.
Le tout militaire reste dans les plans de Tshisekedi malgré les négociations, pour la paix, relancées par l'intervention du Qatar qui entend amener les Congolais à fumer le calumet de la paix. Ce pays de la péninsule arabique va-t-il réussir là où l'Angola, qui paraissait être en bonne voie, a échoué ? Nos voeux dans ce sens, car, les Congolais ont tant souffert et continuent de souffrir. Le dialogue devant coûte que coûte prévaloir pour un retour à la paix, on fonde l'espoir sur l'initiative qatarie.
L'émir du Qatar, Tamin Ben Hamad Al Thani, a déjà réussi le coup diplomatique de réunir à Doha, le 18 mars dernier, les présidents congolais et rwandais, Paul Kagamé, considéré comme le parrain du M23. Le souhait est que les lignes bougent davantage dans cette médiation. Des pourparlers directs entre le gouvernement congolais et le M23 sont annoncés à Doha pour les jours à venir. On ne peut qu'espérer leur tenue effective. La RDC a besoin de retrouver la face...