Ile Maurice: La police n'a pas encore décidé de restaurer le bâtiment

«Cause principale : aucune décision finale de la police sur la restauration du bâtiment.» Tergiversations qui durent depuis l'incendie ayant ravagé une partie de l'aile sud des Casernes centrales dans la nuit du 4 juillet 2022. C'est la conclusion laconique du rapport de l'audit pour l'année financière 2023-24.

Le volet de l'Audit consacré à la police s'intéresse photos à l'appui à son quartier général. Les Casernes centrales sont un bâtiment historique dont la construction date de plus de 250 ans. Une vaste structure classée patrimoine national. Sauf que ce statut, en apparence prestigieux, ne semble contribuer ni à améliorer le sort de la partie endommagée par l'incendie, ni à celui des effectifs de la police, qui utilisent d'autres parties du bâtiment.

L'Audit explique que, la police n'ayant pas encore décidé du sort de cette partie sinistrée de son quartier général, deux ans après l'incendie de 2022, les lieux n'ont pas encore été déblayés. Le rapport fournit une chronologie indiquant que plus le temps passe, plus les actions se font attendre.

Tout avait pourtant bien commencé dès le lendemain de l'incendie, le 5 juillet 2022. Ce jour-là, il est demandé au ministère des Infrastructures publiques d'étudier le site, d'évaluer les dégâts et de soumettre un cahier des charges pour la rénovation. Une inspection a lieu six jours plus tard, le 11 juillet 2022. Dès le 14 juillet 2022, le ministère des Infrastructures publiques signale que le bâtiment est dans «un état alarmant». Un peu plus d'un mois plus tard, le 19 août 2022, il est demandé à une équipe technique du même ministère de préparer les documents d'appel d'offres avec une estimation du coût du déblaiement du site.

Depuis, le processus s'éternise. Plus de quatre mois plus tard soit le 9 janvier 2023 le ministère fournit l'estimation du coût du déblaiement. Ensuite, il faut attendre plus d'un an, c'est-à-dire jusqu'au 27 février 2024, pour que le ministère fournisse les documents d'appel d'offres pour le nettoyage du site. Sauf que le ministère des Infrastructures publiques précise que le déblaiement du site et la construction d'une nouvelle structure ne peuvent se faire sous un seul contrat. La raison évoquée : l'étude détaillée des lieux, nécessaire au projet, ne peut avoir lieu dans un environnement précaire présentant un risque potentiel pour le personnel concerné. L'étude doit attendre que les travaux de démolition et de nettoyage soient effectués au préalable.

Résultat : en novembre 2024, plus de deux ans après l'incendie, rien. Les documents d'appel d'offres pour nettoyer et rénover le site ne sont pas encore finalisés. Les lieux de l'incendie n'ont toujours pas été déblayés. Les dangers potentiels que représente le site sont bien réels, avec des feuilles de tôle pendantes, des pierres fissurées et des planchers effondrés. Les barrières de sécurité, initialement placées pour interdire l'accès au site, ont été enlevées, et une partie de cette zone à risque est désormais utilisée comme parking.

De son côté, le National Heritage Fund (NHF), qui gère le patrimoine national, a répondu au bureau de l'Audit que l'appel d'offres pour le nettoyage et la restauration a bien été lancé à deux reprises. Mais aucune offre valable n'a été reçue. Cette année, le 13 janvier, une réunion des différentes parties prenantes police, ministère des Infrastructures publiques, NHF a eu lieu. Décision prise : réaliser une étude détaillée des autres structures existantes à Line Barracks, afin de relancer les appels d'offres.

Réagissant à ces observations, Arrmaan Shamachurn, président de SOS Patrimoine en péril, souligne qu'avec l'arrivée du nouveau gouvernement, tous les décideurs ont changé, que ce soit au niveau de la police ou du NHF. «Dès le départ, il est clair que la police n'a pas les moyens de rénover les Casernes centrales.» D'où la proposition de constituer un comité pour mobiliser les ressources nécessaires à la sauvegarde de ce patrimoine. «Le dossier doit être pris en charge à un niveau plus élevé. Nous savons dans quelles mauvaises conditions la police travaille dans certains postes. Si l'on peine à remettre en état un simple poste de police, imaginez ce que cela représente pour les Casernes centrales. C'est un ministère qui doit prendre la responsabilité, soit le bureau du Premier ministre, soit le ministère des Arts et de la culture, qui a des fonds, mais pour d'autres projets.»

Selon lui, la première étape consiste à récupérer les objets de valeur de la zone sinistrée. «Il y a des pierres taillées qui menacent de tomber et des risques de vol.» Le déblaiement du site doit être effectué «par des professionnels, sinon des pierres historiques risquent d'être perdues avec les déchets». Le président de SOS Patrimoine en péril en appelle au sens d'appartenance et à la fierté que la police devrait éprouver pour son histoire et son patrimoine.

Faisant référence à l'incendie, qui avait ravagé Notre-Dame de Paris en 2019, et à sa reconstruction en cinq ans, Arrmaan Shamachurn suggère : «Le président français Emmanuel Macron sera à Maurice ce mois-ci. L'un des sujets qui pourrait être discuté avec lui est la rénovation du patrimoine.»

Dans la foulée, Arrmaan Shamachurn rappelle le sort du poste de police de Trou-Fanfaron, lui aussi classé patrimoine national et qui a connu un incendie en 2017. Désaffecté depuis, il reste en attente de travaux. «Les travaux sont bloqués parce que ce poste de police fait partie du futur Urban terminal de l'Immigration. Il faudrait revoir ces procédures. Si un projet est bloqué, que les autres qui y sont associés ne le soient pas aussi.»

Dégâts estimés à Rs 30,2 millions

Une estimation des dommages causés par l'incendie du 4 juillet 2022 aux Casernes centrales s'élève à Rs 30,2 millions. La raison du blocage ? Une estimation du coût du déblaiement du site, en date du 9 janvier 2023, qui grimpe à Rs 8,7 millions, hors TVA.

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