Washington, DC: Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) emmenée par M. Albert Touna Mama, a conduit des discussions avec les autorités centrafricaines, à Bangui du 19 au 28 mars 2025, au titre des troisième et quatrième revues du programme de la RCA soutenu par la Facilité Elargie de Crédit (FEC). Les discussions se poursuivront, en virtuel, dans les semaines à venir.
M. Touna Mama a fait la déclaration suivante au terme de la mission :
« Malgré des améliorations notoires dans de nombreux domaines, tels que la sécurité, la situation macroéconomique de la RCA reste principalement marquée par des tensions persistantes sur les finances publiques. Ces tensions trouvent leurs origines aussi bien dans la faiblesse structurelle des recettes fiscales que dans la suspension des appuis budgétaires des partenaires techniques et financiers (PTFs) en 2021. Malgré le retour de certains PTFs depuis 2023, l'enveloppe global des appuis budgétaires reste en deçà des niveaux requis pour stabiliser les finances publiques (seulement 2% du PIB contre 5% en moyenne avant la crise) tandis que la progression favorable des recettes propres au cours des dernières années peine néanmoins à combler le besoin de financement résiduel.
« Ces tensions budgétaires ont été accentuées par le contexte sociopolitique actuel marqué par des besoins sociaux et humanitaires pressants, des charges importantes liées à l'organisation prochaine des élections locales et présidentielles, et une forte ambition de redéploiement de l'Etat centrafricain dans l'arrière-pays à mesure que la situation sécuritaire continue de se stabiliser. Par ailleurs, la suspension partielle de l'aide américaine risque à moyen terme d'exacerber les besoins humanitaires et sociaux et de s'ajouter éventuellement aux pressions budgétaires. Le processus de révision budgétaire en cours, au titre du Collectif 2025, sera le lieu d'arbitrages difficiles visant à ajuster les dépenses publiques en réponse aux nombreux besoins de la population, affiner les stratégies de financement budgétaire, tout en garantissant la viabilité des finances publiques.
« Malgré une amélioration de la disponibilité des produits pétroliers, le secteur des carburants continue de souffrir des conséquences des prix à la pompe anormalement élevés qui continuent de peser sur l'activité économique et le pouvoir d'achat des ménages. Comparé à la situation d'avant crise en 2021, les recettes pétrolières de l'Etat ont baissé de 24 à 17 milliards de FCFA en 2024 et les populations et entreprises centrafricaines continuent de supporter des prix de près de 40% plus élevés malgré que les cours mondiaux du pétrole soient revenus à leur niveau d'avant crise en 2023 et 2024. Les autorités se sont engagées à conduire un audit des coûts et marges de la structure officielle des prix de carburants afin de remédier à l'opacité actuelle autour des processus et coûts d'importation.
« Dans ce contexte, l'annonce par le gouvernement d'un don de 30.000 tonnes de carburant au profit de la RCA de la part de la Fédération de Russie représente une opportunité majeure pour atténuer les difficultés financières de la RCA et soulager les populations et entreprises centrafricaines.
« Notre estimation de la croissance du PIB réel en 2024 a été revue à la hausse, à 1,8%, reflétant un rebond de la consommation de carburants par rapport à 2023 et la résilience de certains secteurs tels que les télécommunications et la sylviculture. En termes de perspectives, nous anticipons une accélération graduelle de l'activité économique, aux alentours de 2,9% en 2025, tirée par une combinaison de facteurs dont le déploiement en cours de la 4G, un rebond attendu dans le secteur minier dans un contexte de levée de l'embargo sur les diamants, et l'avancement des travaux liés au Corridor 13, entre autres. Toutefois, ces perspectives de croissance sont soumises à d'importants risques baissiers liés notamment aux conséquences potentielles de la suspension partielle de l'aide américaine, au calendrier électoral, et aux difficultés persistantes dans le secteur de l'énergie.
« Les autorités continuent de faire des progrès dans les réformes des finances publiques, notamment en termes de digitalisation des régies financières. Nous saluons les efforts qui ont mené à l'opérationnalisation récente du mode de règlement par télépaiement afin de faciliter et sécuriser les paiements des contribuables aux Directions Générales des Impôts et des Douanes. Des résultats encourageants ont également été notés dans la limitation des exonérations exceptionnelles à la Douane ainsi que l'application effective des procédures d'importation et de domiciliation.
« Nous réitérons notre appel à la communauté internationale afin de soutenir les efforts du gouvernement dans la stabilisation de ses finances publiques. Davantage de financements hautement concessionnels contribueraient à atténuer les vulnérabilités liées à l'endettement, et à réduire la pression du service de la dette sur les dépenses sociales
« La mission tient à remercier les autorités centrafricaines pour leur accueil chaleureux et pour le climat d'ouverture et de franchise dans lequel les discussions se sont tenues.
La délégation du FMI a rencontré le Président Touadéra, le Premier Ministre Moloua, le Ministre des Finances Ndoba, le Comité Interministériel Chargé du Suivi et de la Mise en OEuvre des Réformes dans le Secteur des Hydrocarbures présidé par le Ministre d'Etat chargé de la Justice Djoubaye, le Ministre de l'Economie Filakota, le Ministre des Mines Beltoungou, le Directeur National de la BEAC Chaïbou, d'autres hauts fonctionnaires, ainsi que des représentants de la communauté des partenaires au développement.