Afrique: L'avenir du secteur minier africain au cœur des débats

3 Avril 2025

Quels enjeux et opportunités pour le secteur minier en Afrique dans le contexte des minerais critiques et autres ressources de valeur ? C'est la question qui a animé une table ronde organisée par l'Agence Française de Développement (AFD), ce jeudi 4 avril. Avec une activité minière en pleine expansion sur le continent, ce webinaire de grande envergure a mis en lumière l'intensification de l'extraction de ressources dites « critiques ».

Quatre experts des industries extractives en Afrique ont partagé leur vision, parmi lesquels Julien Gourdon, économiste principal à l'AFD et chercheur associé au CERDI, Émilie Normand, responsable des ressources minérales stratégiques au Commissariat général au développement durable (CGDD), Louis Maréchal, conseiller principal en minerais et secteur extractif à l'OCDE, et Harouna Kinda, économiste expert en gouvernance des industries extractives, finances publiques et politique environnementale.

Ces experts ont abordé les enjeux et les opportunités du secteur minier en Afrique, tout en tentant d'apporter un éclairage sur les défis et paradoxes qui entourent ce secteur dans le contexte de la transition énergétique. À noter que trois d'entre eux ont contribué à l'ouvrage collectif Hors-Série intitulé «Le potentiel minier de l'Afrique : Panorama, enjeux et défi» publié par les Editions Agence Française de Développement.

Ouvert avec Julien Gourdon, ce dernier a expliqué l'importance de l'élargissement du marché de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine). Pour lui, « le secteur minier de l'Afrique représente un potentiel immense, et l'élargissement de la Zlecaf sera un atout financier pour les pays du continent, non seulement pour ceux qui détiennent des ressources, mais aussi pour l'ensemble de l'Afrique ».

Il faut dire que le secteur minier en Afrique n'est pas un secteur nouveau. Depuis les années 2000, les africains comptent un nombre croissant d'entreprises étrangères, sachant que le continent détient un potentiel de croissance de près de 30 % des ressources minérales mondiales.

Pour M.Gourdon, cela s'explique par plusieurs facteurs, notamment l'émergence d'un contexte mondial très favorable au développement du secteur minier, le potentiel minéral très important, largement inexploité et inexploré de l'Afrique, mais aussi l'évolution des contextes nationaux des pays africains qui deviennent plus attractifs pour les investisseurs.

Il faut dire que, sur les 55 pays du continent, 23 disposent de ressources minières qui ont un impact significatif sur leurs économies. En particulier, treize pays, notamment l'Afrique du Sud, le Maroc, la RDC, la Zambie, la Mauritanie, la Guinée, le Ghana, le Mali, l'Égypte, la Tanzanie, le Soudan, le Zimbabwe et le Burkina Faso concentrent 90 % des ressources minières du continent. Cependant, cet échange sur l'avenir des minerais africains a permis de mettre en lumière des enjeux plus cachés de l'exploitation minière. La déforestation, l'exploitation artisanale et illicite, la pollution des eaux ainsi qu'une augmentation des conflits dans les zones forestières, qui affectent principalement les populations rurales.

En RDC, par exemple, le boom minier s'accompagne d'un exode rural grandissant, alimenté par l'exploitation minière, laissant derrière des terres épuisées et hostiles à l'agriculture. Ces zones d'extraction deviennent des foyers de maladies tropicales.  Face à ces défis, Émilie Normand et Harouna Kinda ont plaidé pour une gouvernance plus résiliente de la part des autorités gouvernementales. « La gouvernance et la fiscalité minières sont des enjeux centraux», ont-ils insisté. Il faut dire qu'un manque de gouvernance dans les zones minières fait naitre des situations d'inégalité et d'injustice, en particulier en ce qui concerne les droits de l'homme et le travail des enfants. Autant de faits importants qui sont cachés par l'extraction des ressources minières sur le continent. Nonobstant cela, la question de difficultés de transformation a été soulevée. Pour Louis Maréchal, la transformation des minerais pose de nombreuses difficultés, notamment au niveau énergétique, logistique et infrastructurel. Il a appelé les États à s'engager davantage pour surmonter ces défis.

« Les défis technologiques et de la main-d'œuvre qualifiée qui représentent également un problème majeur pour l'Afrique, nécessitent des investissements étrangers légaux », indique Maréchal. Il poursuit en déclarant que « la responsabilité des compagnies minières en matière de conditions de travail et de gouvernance dans le secteur est aussi incluse si l'Afrique veut une extraction souveraine ». Selon lui, la gouvernance et la fiscalité sont devenues des enjeux cruciaux. Il faut dire que si des faits bouleversants ont été mis en lumière, n'en demeure pas moins que certains pays comme le Mali et le Burkina Faso ont été illustrés comme des exemples en termes de réformes minières.

Sans oublier les avancées de la RDC qui représentent près de 70 % dans l'exploitation du cobalt, ainsi que le Ghana, en matière de gouvernance minière.

Cependant, il reste des défis à relever, notamment dans le suivi des réformes et la mise en place de bonnes alternatives.

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