Alors que le Soudan du Sud est secoué par une grave crise politique et sécuritaire, ravivant la crainte d'une nouvelle guerre civile, le président ougandais Yoweri Museveni s'est rendu à Juba jeudi 3 avril 2025. Officiellement, cette visite vise à renforcer la coopération bilatérale. Dans les faits, l'Ouganda est un allié de Salva Kiir : depuis début mars, Kampala soutient militairement l'armée sud-soudanaise face aux combats qui embrasent le Haut-Nil, au nord-est du pays. Pendant ce temps, la répression s'intensifie avec l'arrestation d'opposants et la mise en résidence surveillée du vice-président Riek Machar, attisant les appels à la désescalade.
Tapis rouge, fanfare militaire, inspection de la garde d'honneur. Yoweri Museveni a été accueilli en grande pompe à l'aéroport international de Juba, la capitale du Soudan du Sud, avant de se rendre directement au complexe présidentiel flambant neuf. Salva Kiir l'y a rejoint en début d'après-midi.
Après plus de quatre heures de discussions, John Mulimba, ministre d'État ougandais aux Affaires étrangères chargé de la coopération régionale, a pris la parole. « Nous avons eu une réunion cordiale à propos de questions qui concernent nos deux gouvernements, sur des sujets mutuellement bénéfiques. Nous avons abordé celui de la paix et de la sécurité entre nos deux États, mais aussi dans la région. Nous avons aussi évoqué le commerce ainsi que des questions sociales et économiques », a-t-il déclaré.
Réaffirmer l'accord de paix de 2018
De son côté, le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Mohammed Abdallah Goc, a réitéré l'engagement de Juba à mettre en oeuvre l'accord de paix signé en 2018. « Nous avons assuré à Yoweri Kaguta Museveni que le gouvernement du Soudan du Sud est très engagé à mettre en oeuvre les dispositions sécuritaires de l'accord de paix. Et, le président ougandais va rencontrer d'autres officiels sud-soudanais, ici à Juba ».
Lors de sa dernière visite en 2022, Yoweri Museveni avait assisté à l'intégration de 20 000 soldats sud-soudanais aux forces armées unifiées -- clause prévue par l'accord de paix. Toutefois, ces forces n'ont jamais été déployées dans les zones de conflit du pays, comme dans le Haut-Nil.