Burkina Faso: Meurtre de Norbert Zongo - Les avocats français de François Compaoré cherchent à effacer la notice rouge d'Interpol

François Compaore, l'un des principaux suspects dans l'assassinat du journaliste Norbert Zongo, ne pourra pas rejoindre la France (où il résidait de longue date) dans l'immédiat. Alors qu'il s'est vu refuser un visa pour Paris, le frère de l'ex-président Blaise Compaoré a finalement renoncé à introduire un recours devant le conseil d'État français. Ses avocats changent leur fusil d'épaule.

Le raisonnement des avocats de François Compaoré est simple : tant que leur client est sous le coup d'un mandat d'Interpol, il y a peu de chance qu'il obtienne un visa pour la France. Un mandat d'arrêt international qui, s'il est caduc en France, reste valable encore dans certains pays de l'espace Schengen.

Dès lors, l'un de ses avocats, Maître Pierre-Olivier Sur, veut obtenir un effacement de la notice Interpol. « J'ai adressé aux autorités internationales d'Interpol une demande d'effacement de la notice rouge internationale, explique l'avocat au micro de Frédéric Garat de la rédaction Afrique. Il y a tout lieu de penser que nous obtiendrons l'effacement de cette notice rouge puisque la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg s'est opposée à l'extradition et que, par conséquent, il n'y aura plus d'écueil à sa demande de visa. »

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) s'est opposée en septembre 2023 à l'extradition de France de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré (président du Faso de 1987 à 2014). La CEDH estimait que la France ne doit pas mettre à exécution son décret d'extradition délivré en 2020 sans réexamen à l'aune du nouveau contexte politique au Burkina Faso où François Compaoré fait l'objet de poursuites pénales pour « incitation à l'assassinat » du journaliste d'investigation Norbert Zongo, en 1998. Suite à cette décision de la CEDH, la France a annulé en décembre 2023 son décret d'extradition.

Les avocats de François Compaoré estiment qu'avec l'effacement de la notice d'Interpol, la voie serait alors libre pour demander à nouveau un visa français au consulat d'Abidjan. Des manoeuvres qui consternent les défenseurs de la famille de Norbert Zongo, dont Maître Prosper Farama. « Il y a de la part de monsieur François Compaoré un manque de responsabilité de la part de la justice de son pays parce qu'un jour ou l'autre, il faudra bien qu'il réponde des faits qui lui sont reprochés dans cette affaire Norbert Zongo. »

Alors qu'il enquêtait sur la mort suspecte du chauffeur de Francois Compaoré, le corps sans vie du directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, Norbert Zongo, et de trois de ses compagnons Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo, a été retrouvé le 13 décembre 1998. La famille et les avocats de Norbert Zongo attendent toujours l'ouverture d'un procès où comparaitrait le frère de l'ex-président Blaise Compaoré - François - principal suspect dans cet assassinat et que la famille soupçonne d'avoir donné l'ordre de cette exécution sommaire.

François Compaoré se trouve en Côte d'Ivoire avec un passeport ivoirien. La Côte d'Ivoire n'extrade pas ses ressortissants.

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