Mali: Un an ferme pour des soutiens de l'imam Dicko, l'ex-ministre Bouaré Fily Sissoko reste en prison

Au Mali, après la condamnation à un an de prison ferme jeudi 3 avril de l'opposant politique Seydina Touré, deux autres décisions de justice étaient attendues. Neuf militants de l'imam Dicko ont été condamnés jeudi à un an de prison ferme. Mahmoud Dicko, ancien président du Haut conseil islamique du Mali, est devenu un farouche opposant en exil des autorités de transition. Dans un autre dossier, la justice malienne a refusé ce vendredi matin la libération provisoire de l'ex-ministre de l'Économie Bouaré Fily Sissoko, en dépit de la dégradation de son état de santé.

Les neuf hommes voulaient accueillir l'imam Dicko le 14 février dernier, journée prévue pour son retour d'exil à Bamako. Aucune interdiction officielle n'avait été communiquée, mais les forces de sécurité avaient été déployées massivement près de l'aéroport. Ce retour n'a finalement pas eu lieu, mais les neuf militants qui étaient sortis de chez eux ont été condamnés à un an de prison ferme par le tribunal de la commune V de Bamako pour « attroupement illégal ». Un an ferme, c'est plus que les réquisitions du parquet, qui avait demandé la relaxe pour quatre des neuf militants, et de la prison avec sursis pour les cinq autres.

« Purement politique »

Leurs proches, qui s'attendaient donc à une libération, même en cas de condamnation, après déjà un mois et demi de détention, ne cachent pas leur déception : « Je suis dépité », confie l'un d'entre eux, « c'est purement politique, déplore un autre, mais nous allons faire appel. »

L'influent imam Mahmoud Dicko, ancien président du Haut conseil islamique du Mali, en exil depuis près d'un an et demi en Algérie, est devenue une bête noire des dirigeants militaires maliens après avoir exprimé des positions critiques et dénoncé notamment une Transition « sans trajectoire ». La CMAS, organisation qui rassemble ses soutiens, a été officiellement dissoute par les autorités maliennes de transition il y a un an, et plusieurs de ses membres ont été séquestrés par la Sécurité d'État ou condamnés en justice.

Bouaré Fily Sissoko

Dans une autre procédure, Bouaré Fily Sissoko n'a pas obtenu sa mise en liberté provisoire. L'ancienne ministre de l'Économie est poursuivie dans le cadre de l'affaire de l'avion présidentiel et des contrats militaires surfacturés, qui remonte à 2014, a connu de multiples rebondissements judiciaires et continue de s'éterniser devant la justice. Accusée notamment de « corruption », emprisonnée depuis plus de trois ans et demi -au-delà du délai légal d'une détention provisoire-, elle clame son innocence et réclame d'être jugée.

Âgée de près de 70 ans et souffrant de plusieurs pathologies -drépanocytose, problèmes cardiaques, hypertension, arthrose -, l'état de santé de Bouaré Fily Sissoko s'est gravement dégradé ces derniers mois. Malgré l'expertise médicale, la Cour suprême a refusé ce vendredi sa demande de libération sous contrôle judiciaire.

En octobre dernier, après trois semaines d'audience, le procès au cours duquel Bouaré Fily Sissoko comparaît aux côtés d'une dizaine d'autres prévenus a été suspendu, pour permettre l'audition de nouveaux témoins, à la demande des représentants de l'État. Les auditions ont eu lieu le mois dernier, aucune date n'a encore été fixée pour la reprise du procès.

C'est dans le cadre de cette même procédure que l'ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga était mort en détention il y a trois ans, le 21 mars 2022. Les autorités maliennes de transition s'étaient opposées à son évacuation sanitaire, en dépit des recommandations médicales.

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