Dakar — Le Sénégal ambitionne de se doter d'une stratégie nationale des combustibles de cuisson propre et des biocarburants pour la période 2025-2035 pour un coût estimé à 73 milliards de FCFA, a appris jeudi l'APS du ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop.
"Cet atelier capital permet, sans doute, de faire face à un problème urgent, à savoir le déficit d'accès à une énergie de cuisson propre et à la bioénergie au Sénégal", a notamment indiqué le ministre en procédant, jeudi, au lancement de cette stratégie nationale.
Selon Birame Soulèye Diop, la mise en oeuvre de cette stratégie décennale va nécessiter un investissement évalué à 73 milliards de FCFA.
Il a à cet effet invité les partenaires du Sénégal à davantage financer "des projets prioritaires relatifs au butane, aux foyers améliorés, au biogaz, aux biocarburants et à la cuisson électrique".
Il s'est dit convaincu que la mise en oeuvre de cette stratégie contribuera, "de façon sensible, à l'amélioration des conditions de vie des populations, en leur assurant l'accès aux sources d'énergies propres et aux technologies appropriées, notamment le gaz butane, la cuisson électrique, le biogaz, le biocharbon, les cuiseurs performants de niveau +3 et les biocarburants".
"Les combustibles ligneux [bois de chauffe et charbon de bois] occupent 42% des énergies finales utilisées par les ménages sénégalais", a expliqué M. Diop, parlant d'un "enjeu crucial pour la sécurité énergétique, la santé publique et la lutte contre les changements climatiques".
Faisant allusion à une enquête réalisée en 2024 et portant sur les consommations des ménages en combustibles domestiques, le ministre en charge de l'Energie a relevé que "43% des ménages sénégalais n'ont pas accès aux énergies et technologies de cuisson propre".
"Les résultats agrégés de ladite enquête font apparaître des consommations nationales annuelles de 1 601 631 tonnes pour le bois de chauffe, 744 703 tonnes de charbon de bois et 253 508 tonnes de gaz butane", a encore fait observer Birame Soulèye Diop.
"Ces chiffres font état d'une substitution croissante du gaz de pétrole liquéfié aux produits ligneux, tant en milieu urbain que rural, d'une saturation progressive du taux d'usagers du GPL à Dakar, avec une prépondérance de son choix comme combustible principal (86%), notamment au détriment du charbon", a-t-il poursuivi.
Le ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines évoque également "une domination de la consommation finale de bois de feu au niveau national, mais qui s'amenuise en passant de 61% en 2013 à 45% en 2024 dans la consommation finale des énergies de cuisson des ménages".
Selon M. Diop, "les difficultés d'accès aux services énergétiques modernes touchent particulièrement les femmes qui représentent 49,4% de la population".
Le représentant de l'ambassadeur d'Allemagne à Dakar, Philippe Mestinger, a présenté cette stratégie nationale comme une "étape décisive" dans la transition énergétique du Sénégal.
Il a réitéré l'engagement de la coopération allemande à "accompagner le Sénégal dans la mise en oeuvre des solutions durables visant à améliorer l'accès aux technologies de cuisson respectueuses de l'environnement".
Venu représenter le ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, le colonel Babacar Dione a relevé que la biomasse représente plus de 42% de la consommation énergétique au Sénégal
D'où l'urgence, selon lui, "d'accélérer la transition vers des sources d'énergie plus durable et accessible à tous".
Appelant à un changement dans les habitudes de consommation énergétique, il s'est toutefois félicité de "la diminution de la consommation du bois de chauffe", qui est passé de 195 kg par habitant et par an en 1992 à 88 kg en 2024.
Le colonel Dione, par ailleurs directeur des eaux et forêts, chasses et de la conservation des sols, a aussi fait état d'une "demande élevée" de combustibles, notamment le charbon de bois en milieu rural, où son utilisation est passée de 5% en 1998 à 16% en 2024.