Le doctorant, Songuipali Esaïe Thiombiano a soutenu, le mercredi 2 avril 2024 à l'Université Joseph Ki-Zerbo sa thèse pour l'obtention de son doctorat en médecine. L'impétrant a étudié le ressenti et le vécu des malades de la tuberculose au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo.
Songuipali Esaie Thiombiano a désormais quitus des autorités burkinabè pour exercer le métier de médecin après l'obtention de son doctorat en médecine et sa prestation de serment. En effet, il a soutenu, le mercredi 2 avril 2025 à l'Université Joseph Ki-Zerbo sa thèse sur le thème « Ressenti et vécu des personnes atteintes de la tuberculose au Centre de Diagnostic et de Traitement (CDT) du Centre Hospitalier Universitaire de Bogodogo (CHU-B) ». Le jury, présidé par Pr Gisèle Badoum/Ouédraogo, a décerné la mention très honorable avec félicitation du jury à l'impétrant.
Dans sa démarche, Songuipali Esaie Thiombiano s'est fixé pour objectif d'étudier le ressenti et le vécu des personnes atteintes de la tuberculose au CDT du CHU-B. L'étude qui s'est voulu transversale analytique a permis de recueillir des données d'avril à septembre 2024. « Notre étude a concerné tout patient tuberculeux effectuant le traitement directement observé au centre de diagnostic et de traitement du CHU-B pendant la période d'étude. Elle a inclus 418 patients avec un âge moyen de 37 ans », a expliqué Dr Thiombiano.
Dans son étude, il ressort que 96,9% des répondants connaissent la tuberculose comme une maladie grave et 67% affirment qu'elle est contagieuse. Parmi les patients interrogés, l'impétrant a révélé que 85,2% ont eu peur à l'annonce de la maladie pendant que 97,6 % ont exprimé l'inquiétude à l'idée que leur entourage soit informé. Les raisons, selon lui, sont la peur d'être une gêne ou une charge, la peur de la pitié et du rejet. Cependant, en ce qui concerne l'entourage, la réaction des proches a été majoritairement le soutien.
Le tabagisme, un facteur de risque
« Le changement de comportement s'est traduit par la compassion et la pitié. Aussi, dans leur grande majorité, les patients étaient déprimés et se sentaient stressés en public. Les raisons de ce stress difficile à gérer étant la peur de contaminer, la peur de gêner et la peur du jugement », a-t-il fait ressortir. Pour les patients qui vivaient en couple, le chercheur a fait savoir que 52,6% ont affirmé que leurs conjoints étaient indifférents quant à leur maladie. Toutefois, les participants à l'enquête ont assez bien supporté le vécu face à l'isolement et aux contraintes que provoque la maladie sans oublier que 99,1% étaient optimistes face à la maladie.
Parmi les antécédents et mode vie qui augmentent le risque de contracter la tuberculose, M. Thiombiano a relevé le tabagisme. « Le tabagisme qu'il soit actif ou passif augmente le risque d'infection tuberculeuse latente et de tuberculose maladie. Le lien entre la tuberculose et le Virus de l'Immuno Déficience Humaine a largement été démontré », a-t-il soutenu.
Au terme de son étude, le médecin a fait de nombreuses suggestions qui, si elles sont mises en oeuvre, permettront d'améliorer la prise en charge des malades de la tuberculose au Burkina Faso. Il s'agit notamment d'intégrer des services de santé mentale dans les centres de diagnostic et de traitement, renforcer la sensibilisation et l'éducation communautaire pour combattre les préjugés liés à la tuberculose, apporter une prise en charge psychosociale systématique dès le diagnostic puis durant toute la durée du traitement. En sus, il a appelé à mettre en place des programmes de suivi post traitement incluant la réintégration sociale, la réinsertion professionnelle et le soutien scolaire. « Aux patients, à leur famille et à la population, il faut adopter des bonnes pratiques d'hygiène respiratoire et promouvoir la solidarité et le soutien envers les malades tuberculeux », a martelé l'impétrant.