Thiès — Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a pris une décision de "haute portée historique et un acte de justice" à l'endroit de l'ancien président du Conseil, Mamadou Dia (1910-2009), en donnant son nom à la grande avenue dakaroise anciennement appelée Boulevard Général de Gaulle, a commenté, vendredi, l'universitaire et maire de Thiès, Babacar Diop.
"Mon intervention, je voudrais l'axer surtout (comme) un mot de félicitations à l'endroit du président de la République qui a pris la décision historique de donner au boulevard De Gaulle, le nom du président Mamadou Dia", a notamment déclaré Babacar Diop.
Le maire de Thiès considère que c'est une "décision de haute portée historique, mais aussi un acte de justice", à l'endroit du "premier chef de gouvernement du Sénégal".
Il s'exprimait au terme du défilé civil, militaire et paramilitaire qui débouchait sur la Place Mamadou Dia à Thiès, à l'occasion de la commémoration des 65 ans d'indépendance du Sénégal.
"Savez-vous que c'est le président Mamadou Dia qui a signé l'acte de naissance de la République du Sénégal ?", s'est interrogé le professeur de philosophie. "Si aujourd'hui le président de la République prend cette décision historique, (...) je ne peux que (la) saluer", a-t-il ajouté.
"Un historien a dit qu'une nation n'a pas de père, mais l'État a un père, (et) le père fondateur de l'État du Sénégal moderne, c'est Mamadou Dia", a encore martelé le maire de Thiès.
Babacar Diop dit avoir mené depuis 1998 en tant que lycéen, la bataille pour la réhabilitation de cet homme d'État sénégalais, qui a été "combattu, oublié", et dont on a "tenté d'effacer (le nom) dans la mémoire collective".
Il s'est attardé sur le fait que le premier plan de développement du Sénégal, de même que l'administration sénégalaise à travers certains de ses symboles comme l'Ecole nationale d'administration (ex-ENAM) et l'École nationale d'économie appliquée (ENEA), sont des oeuvres du président Mamadou Dia.
Président du Conseil du gouvernement à partir de 1957, Mamadou Dia a été emprisonné, lors de la fameuse crise politique de décembre 1962, aux allures de rivalité au sommet de l'État entre lui et Léopold Sédar Senghor qui l'accusait de tentative de coup d'Etat.
"On ne fait pas un coup d'Etat quand on a tous les pouvoirs", se défendait Dia qui a toutefois été jugé et condamné à perpétuité, avant d'être gracié en mars 1974 puis amnistié en avril 1976, soit un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.
L'idée d'une révision de son procès avait été agitée au début des années 2000 par le président de la République d'alors Abdoulaye Wade (2000-2012), qui faisait partie de ses avocats en 1963.
Affaibli par le poids de l'âge et les conditions carcérales, Dia a consacré les dernières années de sa vie à l'écriture de livres et de mémoires, tout en continuant à prendre régulièrement position, sur des questions majeures touchant à la nation sénégalaise, à travers des sorties dans la presse.
Réputé pour sa rigueur, son sens de l'éthique, son patriotisme, sa piété, Mamadou Dia, décédé en 2009, à Dakar, à l'âge de 99 ans, laisse un héritage politique qui inspire aujourd'hui beaucoup de générations de Sénégalais.