Madagascar: Échanges commerciaux - Clin d'oeil de l'Europe à Madagascar

Dans la foulée de l'annonce des nouvelles mesures douanières américaines, l'ambassadeur de l'UE fait un appel du pied à Madagascar. Il met en avant le régime commercial favorable dont jouissent les exportations malgaches vers le marché européen.

Extrêmement favorable. C'est le qualificatif utilisé par Roland Kobia, ambassadeur de la délégation de l'Union européenne (UE), pour parler du régime commercial dont bénéficient les produits d'exportation malgaches vers l'Europe.Dans la confusion et l'incertitude causées par la hausse de 47 % des droits de douane que les États-Unis vont appliquer aux produits malgaches, l'ambassadeur de l'UE fait, délicatement, un appel du pied à la Grande Île. Sur sa page Facebook, il rappelle le potentiel et les avantages que représente le marché européen dans le paysage des échanges commerciaux de Madagascar.

« L'Union européenne a depuis de nombreuses années un régime commercial extrêmement favorable aux exportations malgaches vers le marché européen», indique-t-il.

L'ambassadeur Kobia ajoute que, « selon ce régime "Tout sauf les armes" et notre Accord de partenariat économique, qui fait de l'Europe le premier client de Madagascar avec 30 % de vos exportations dans des secteurs très divers, des milliers de produits peuvent entrer dans l'UE avec 0 % de droits de douane, et aucune restriction quantitative ».

Selon les analystes internationaux, les autres puissances économiques voient dans la décision prise par Donald Trump, président américain, une occasion de renforcer leur position dans le commerce international. Au regard de la publication de Roland Kobia, l'Europe n'a pas perdu de temps pour passer à l'offensive. Il souligne aussi le caractère « intégré, fiable et prévisible» du marché européen, en opposition à l'imprévisibilité du chef d'État américain dans ses prises de décision.

En face, l'ambassade des États-Unis, dans un communiqué publié hier, semble vouloir atténuer le choc causé par la décision de Donald Trump. « Le Président peut réduire ou limiter la portée des droits de douane s'il estime qu'un partenaire commercial a pris des mesures significatives pour remédier aux accords commerciaux non réciproques et s'aligner suffisamment sur les États-Unis en matière d'économie et de sécurité nationale », indique la missive.

L'ambassade américaine ajoute que le locataire de la Maison Blanche, « peut également décider de réduire ou d'éliminer les droits de douane s'il estime que les conditions économiques préjudiciables créées par le commerce non réciproque ont été suffisamment atténuées ou résolues ». Entre les lignes, le communiqué accule les autorités malgaches et pousse vers une renégociation des termes des échanges commerciaux avec les États-Unis.

Mise à l'épreuve

Également par le biais d'un communiqué publié jeudi, Madagascar a déjà affirmé sa disposition à engager des négociations avec les Américains. « Le gouvernement malgache entend mobiliser tous les leviers diplomatiques et commerciaux pour obtenir une révision de ces mesures et garantir un accès équitable des produits malgaches au marché américain, dans le respect de la réciprocité souhaitée par le gouvernement des États-Unis d'Amérique », rapporte la missive.

Seulement, pour de nombreux analystes et observateurs, la décision du président Trump est une opportunité pour accélérer la diversification des partenariats commerciaux de Madagascar. Comme l'affirme l'ambassadeur Kobia, le marché européen est une alternative solide. Il y a aussi le marché asiatique, ou encore les pays du Golfe. Le continent africain, et son milliard de consommateurs, offre aussi un potentiel de débouchés colossal pour les produits malgaches. D'autant plus que la Zone de libre-échange commerciale africaine (ZLECAF) est en bonne voie.

Sur le plan régional, la Commission de l'océan Indien (COI) est aussi un marché à conquérir pour la Grande Île. Madagascar a, de plus, des arguments à faire valoir : de vastes surfaces cultivables, des produits agricoles d'exception comme la vanille, son artisanat, des ressources minières stratégiques que lorgnent la plupart des pays industrialisés. Il est certain, justement, que la question des minerais critiques soit mise sur la table des négociations avec les États-Unis.

Toutefois, à court et moyen terme, c'est l'impact que pourraient avoir les mesures coercitives américaines sur l'industrie textile qui motive le plus d'inquiétude. Il s'agit du secteur le plus important en termes de volume et de valeur dans les exportations malgaches vers les États-Unis, grâce à « l'African Growth and Opportunity Act » (AGOA). Les mesures douanières décrétées par Donald Trump pourraient, justement, sonner le glas de ce programme.

Par ailleurs, outre les enjeux financiers, le secteur textile est un grand pourvoyeur d'emplois. Il compte plus de cent mille salariés, sans compter les emplois indirects. C'est la raison pour laquelle la hausse des droits de douane vers les États-Unis résonne comme un coup de massue socio-économique. Selon les informations, la plupart des grands groupes dans le textile à Madagascar diversifient déjà leurs débouchés depuis plusieurs années.

Toutefois, dans l'immédiat, il faudra faire preuve de résilience pour absorber le choc du « Liberation Day » de Trump. Du reste, la situation actuelle met aussi à l'épreuve l'efficience de la diplomatie économique mise en avant par l'État.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.