Le ministère de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire annonce avoir démantelé un réseau impliqué dans des travaux de remblayage illégal dans la capitale.
Des agents de l'État figurent parmi les personnes soupçonnées d'avoir participé à ces opérations. Le ministère cite notamment des membres de la Police municipale, de la Police nationale, ainsi qu'un ancien employé de l'Autorité pour la protection contre les inondations dans la plaine d'Antananarivo (Apipa). Ils seraient impliqués dans des remblais illicites réalisés à Ankasina, dans le premier arrondissement de la commune urbaine d'Antananarivo.
« Ils ont été appréhendés dans la nuit du 8 au 9 février. Plusieurs camions pris en flagrant délit d'infraction ont été mis en fourrière. L'enquête est en cours. Et cette affaire est entre les mains des responsables, actuellement », indique le ministère dans un communiqué publié jeudi 3 avril au soir.
Selon une source proche du dossier, plusieurs personnes ont d'ores et déjà été sanctionnées. Des véhicules ont été saisis et leurs propriétaires condamnés à des travaux d'intérêt général. Toutefois, les remblais se poursuivent.
Le long du By-pass, la transformation de rizières en zones d'habitation se multiplie. À Ambohijanaka, Alasora, Ambohimangakely, les remblayages se poursuivent. À Andohatapenaka et Ankasina, des constructions s'élèvent sur des zones inondables.
Petits exécutants
« Ce ne sont pas encore les gros poissons qui ont été arrêtés », déclare une source.
« Des hauts responsables qui ordonnent et orchestrent ces opérations, ainsi que les grands investisseurs, n'ont pas encore été inquiétés. Ces agents de police ne sont que des petits exécutants », poursuit-elle. Une autre source, sous couvert d'anonymat, avance que « si ces travaux se poursuivent, c'est que derrière, il y a des hautes autorités impliquées, qui donnent des autorisations ».
En février, lors d'une visite à Anosizato Atsinanana et à Andavamamba, le président de la République, Andry Rajoelina, a appelé les autorités locales, l'Apipa, le ministère de l'Aménagement du territoire et les parlementaires à faire preuve de fermeté face aux constructions illégales et aux remblais dans la capitale et ses environs. Ces pratiques sont régulièrement pointées du doigt comme facteur aggravant des inondations à Antananarivo durant la saison des pluies.
Depuis février 2022, l'octroi d'autorisations pour les remblayages est suspendu. « Toute tentative ou réalisation de remblayage dans la plaine d'Antananarivo est, donc, passible de poursuites judiciaires », prévient le ministère.